Baisse des emplois aidés : quelles conséquences sur la rentrée scolaire ?

Quelques écoles ont déjà fait part de leur intention de décaler la rentrée (photo d'illustration).
Quelques écoles ont déjà fait part de leur intention de décaler la rentrée (photo d'illustration). © FRANK PERRY / AFP
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M.L , modifié à
Les communes, chargées de l'entretien matériel des écoles et d'une partie de leur personnel, ont largement recours à ces emplois et tirent la sonnette d'alarme à quelques jours de la reprise des cours.

"Onéreux" et "peu efficaces". C'est par ces adjectifs que le Premier ministre Édouard Philippe décrivait mi-août les emplois aidés, dont le gouvernement entend faire baisser le nombre. Deux semaines plus tard et à l'approche de la rentrée scolaire, prévue lundi 4 septembre, les communes françaises ne l'entendent pas de cette oreille et dénoncent les conséquences de cette baisse sur le fonctionnement de leurs écoles. Certaines villes menacent même de décaler la reprise des cours.

  • Quelle est l'ampleur de la baisse ?

En 2016, 459.000 contrats aidés, par lesquels un employeur embauche une personne pour un coût modéré grâce à diverses aides, avaient été signés en France. Il s'agissait soit d'emplois d'avenirs, réservés aux jeunes sans qualification, soit de contrats uniques d'insertion (CUI), pour faciliter l'insertion de personnes en difficulté d'accès à l'emploi. Ces embauches étaient des CDD ou des CDI.

Le budget 2017 ne prévoyait, lui, que la signature de 280.000 contrats, dont les deux tiers ont été consommés sous le quinquennat de François Hollande. Le gouvernement a depuis légèrement rallongé ce nombre, qui devrait atteindre 320.000 selon Édouard Philippe. L'exécutif entend compenser cette baisse par des investissements dans la formation et le développement des compétences, jugés garants d'une insertion plus durable et moins précaire.

  • Pourquoi le secteur de l'éducation est-il touché ?

Problème : ces contrats permettaient aux collectivités locales et aux associations d'équilibrer leur budget, grâce à des embauches dont la prise en charge par les aides pouvait aller jusqu'à 75% du smic horaire. Ils ont très utilisés pour renforcer l'offre de service public de proximité, autrement dit financer des emplois comme l'accompagnement des enfants handicapés, l'encadrement des activités périscolaires ou l'entretien des locaux.

Or, cet été, de nombreux maires ont appris que la baisse du nombre d'emplois aidés les empêcherait de renouveler des contrats liés au fonctionnement des écoles de leur commune, ou d'en signer de nouveaux. L'Éducation nationale est pourtant privilégiée, selon un document révélé par Libération. Le gouvernement a en effet décidé d'accorder "près de la moitié" des 110.000 contrats aidés restant à attribuer pour l'année à ce secteur. Mais c'est encore environ 20.000 de moins qu'à la rentrée 2016.

  • Quels risques pour la rentrée ?

Dès la mi-août, l'Association des petites villes de France (APVF) s'est inquiétée des "enjeux de ressources humaines importants dans la perspective de la rentrée scolaire notamment", déplorant que les collectivités n'aient "été informées que très récemment et encore partiellement" de la baisse des contrats aidés. L'Association des maires de France (AMF) a tiré la même sonnette d'alarme quelques jours plus tard, faisant état de "très nombreuses remontées du terrain" indiquant "une absence totale de concertation et d'information préalable des élus, et cela moins d'un mois avant la rentrée scolaire".

Dans certaines localités, les conséquences de cette grogne sont concrètes : la plupart des communes de La Réunion ont ainsi annoncé le report de la rentrée scolaire de 5 jours dans les écoles maternelles et élémentaires, au motif que les enfants ne pouvaient pas être accueillis dans de bonnes conditions. La petite ville de Valorbiquet, dans le Calvados, a également annoncé son intention de décaler la reprise des cours tant qu'elle ne saurait pas si les cinq contrats aidés dont elle a besoin pourront être signés.

Au ministère de l'Éducation, on assure suivre "de très près la situation pour faire en sorte que ça se passe au mieux". "On regarde au cas par cas avec les services", indique-t-on. "On a eu écho de quelques cas, pour l'instant, ça se compte sur les doigts d'une main." Pour tenter de calmer la fronde, le ministre a promis vendredi qu'il n'y aurait pas d'emplois aidés en moins pour l'accueil des enfants en situation de handicap. Mercredi, Édouard Philippe a annoncé que le gouvernement recevrait les représentants des collectivités territoriales "d'ici la fin de la semaine", évoquant des solutions comme "le recrutement de jeunes sous statut d'apprenti en collectivité".