Accepter l'échec peut être une des clés de la réussite, selon le philosophe Charles Pépin (Photo d'illustration) 1:10
  • Copié
Ugo Pascolo , modifié à
A trois jours de l'épreuve de philo du bac 2019, les philosophes Marianne Chaillan et Charles Pépin, livrent au micro d'Europe 1 leurs derniers conseils avant l'épreuve. 
EUROPE 1 VOUS ACCOMPAGNE

C'est certainement l'épreuve la plus redoutée du baccalauréat : la philosophie. Peu importe la série et le coefficient, elle va mettre les méninges des bacheliers à rude épreuve. Avant de se retrouver en face d'une question existentielle et d'une feuille vierge pendant plusieurs heures, les philosophes Marianne Chaillan et Charles Pépin livrent au micro de Wendy Bouchard leurs conseils, à trois jours de cette étape qui peut être un pur bonheur pour certains, et un véritable enfer pour d'autres.

Se concentrer sur ce que l'on sait 

"Je conseille aux élèves de ne surtout pas aller chercher de connaissances qu'ils ne maîtrisent pas, il n'est plus temps", préconise Marianne Chaillan au micro d'Europe 1. "Ils ne feraient que s'angoisser en prenant la mesure de ce qu'ils ignorent encore. Ils doivent donc relire ce qu'ils savent", ajoute-t-elle. "Assurer ce que l'on sait et ne pas chercher à acquérir si près du but ce qu'on ne maîtrise pas encore", renchérit la professeure de philosophie de Marseille. Mais pour autant, il ne pas oublier que "l'épreuve est angoissante parce qu'il ne va pas s'agir de ressortir un cours appris, un savoir extérieur : il va s'agir de penser, de fournir une réflexion sur un sujet". 

Retrouver le plaisir de la réflexion 

"Le principe de la confiance est de se rassurer dans sa zone de maîtrise, pour plus tard en sortir", commente de son côté Charles Pépin au micro d'Europe 1. "Il faut retrouver le plaisir des cours, des auteurs, des textes qu'on a aimés, chercher à se reconnecter avec ce plaisir de penser, et oublier l'idée de combler les lacunes, de boucher les trous. [...] Il y a une chose importante à se dire : quand on nous donne un sujet, l'objectif n'est pas de trouver la réponse à la question, mais bien de comprendre pourquoi elle se pose et en quoi elle fait problème", rappelle-t-il. "Tout le monde en est capable, il faut se faire confiance et y aller ! Rappelez-vous le très bon conseil du philosophe Alain pour le bac : 'Le secret de l'action, c'est de s'y mettre'". 

>> De 9h à 11h, c’est le tour de la question avec Wendy Bouchard. Retrouvez le replay de l’émission ici

Être soi-même philosophe 

Avoir des doutes à trois jours de l'épreuve de philosophie, et même du bac en général, est naturel, tant il a été érigé en rite de passage vers l'âge adulte. Aussi, au lieu de craindre l'échec, Charles Pépin conseille aux élèves de l'accepter. "On peut échouer dans la vie, mais ce qui est intéressant, c'est de se libérer de la crainte de l'échec par l'acceptation de cette possibilité et, finalement, par le consentement", explique-t-il. "Souvent les élèves se trompent en voulant être rassurées sur le fait qu'ils ne peuvent pas se tromper, mais c'est faux. On peut questionner un sujet de travers, ou encore être corrigé d'une 'manière distraite', ce n'est pas grave".

"Ce qui compte, c'est de prendre le sujet le mieux possible, de développer une argumentation très progressive et d'assumer", déroule le philosophe. "Je pense que le courage dans une composition de philosophie est d'assumer quelque chose de personnel et progressif, de dire que l'on peut se tromper et se libérer de sa peur de l'échec par un consentement à ce risque. [...] De toute façon, la vie est risquée, c'est ce qui fait sa beauté, et il n'y a pas de raison que le bac philo échappe à ces aléas existentiels". Peut-être faut-il alors se rappeler cette phrase de Churchill : "Le succès n'est pas final, l'échec n'est pas fatal, c'est le courage de continuer qui compte", vous avez quatre heures.

Avez-vous un bon souvenir de vos cours de philosophie ? 

Si vous avez conservé un mauvais souvenir de vos cours de philosophie, un autre moyen de relativiser est de se dire que vous aurez un point commun avec 57% des 4.200 votants sur la page Facebook d'Europe 1. Comme Edouard, qui passe le bac cette année : "C’était mardi dernier mon dernier cours de philo, et j’espère réussir mon bac pour ne plus jamais avoir à supporter ça !", ou Simon qui n'était visiblement pas très attentif, "tellement intéressant que je faisais mes exos de maths au fond de la classe". Et si vous pensez comme Eddy que la philosophie est "aussi utile qu'une glacière au Pôle Nord", l'espoir viendra surement de l'expérience de Véronique : "Je me suis tapée des notes mauvaises toute l'année. Un jour j'en ai eu marre. J'ai écrit comme ça me venait, à l'arrache : j'ai eu 15."