"La question de l’évaluation du danger est primordiale", estime Françoise Brié (photo d'illustration). 2:44
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Romain David
Invitée mardi d'Europe 1, Françoise Brié, la présidente de la Fédération nationale solidarité femmes, a imputé l'augmentation du nombre de femmes victimes de violences conjugales en 2019 à un manque de personnel formé. Elle estime ainsi que les plaignantes ne sont pas assez suivies une fois qu'elle se sont signalées auprès des forces de l'ordre ou ont déposé plainte.
INTERVIEW

En moyenne un décès tous les deux jours. En 2019, 146 femmes ont été tuées par leur compagnon ou par un ex-conjoint, soit 25 victimes de plus qu’en 2018, selon les chiffres publiés lundi par le ministère de l’Intérieur. Or, 63% des femmes victimes de violences avaient déjà alerté les forces de l'ordre. "L’ancienne garde des Sceaux avait indiqué qu’il y avait des failles dans le système judiciaire, et l’on note dans ce rapport que peu d’auteurs de violences conjugales étaient sous contrôle judiciaire au moment des faits", déplore au micro d’Europe 1 Françoise Brié qui dirige la Fédération nationale solidarité femmes (FNSF).

Aux yeux de cette responsable associatives, la réponse qui suit le dépôt de plainte n’est pas à la hauteur du danger encouru par la victime présumée. La faute, selon elle, au nombre insuffisant d’agents formés pour gérer ce type de situation. "La question de l’évaluation du danger est primordiale. Une femme victime de violences peut se retrouver en danger à des moments très différents de son parcours : quand elle dépose plainte ou six mois après", explique Françoise Brié. "Pour analyser le danger, l’évaluer, suivre les dossiers de ces femmes, il faut des spécialistes, des gens bien formés avec une vraie expertise de ces situations", enjoint-elle.

Le bracelet électronique anti-rapprochement

Elle salue toutefois la généralisation du bracelet électronique anti-rapprochement pour les auteurs de violences. Un dispositif supposé maintenir à distance les conjoints violents, avant même qu’une décision de justice ne soit rendue. "C’est un dispositif que nous réclamions depuis plusieurs années, qui permettra aux victimes et aux forces de l’ordre de vérifier où se trouve l’agresseur, qu’il ne se trouve pas trop près de la victime, avec des alertes et des interventions des services de police et de gendarmerie si l’agresseur ne répond pas à la demande d’éloignement", explique la présidente de la FNSF.

"C’est un dispositif qui peut être utilisé de manière pré-sentenciel c’est-à-dire avant un procès, lorsque la justice décide d'un contrôle judiciaire, comme une interdiction d’approcher la victime lorsqu'il y a eu des actes de violence", ajoute-t-elle.