Le couple Fillon lors de son arrivée au tribunal. 1:30
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Salomé Legrand, édité par Ugo Pascolo avec AFP , modifié à
Alors que la fin des débats du procès approche, les avocats du couple Fillon ont sonné la contre-offensive en produisant des dizaines de témoignages surprises, pour tenter d'attester de la réalité du travail d’assistance parlementaire de Penelope Fillon.

Le camp Fillon a lancé sa contre-offensive. Alors que la fin des débats approche dans le procès de l'ancien Premier ministre et de son épouse, la défense a dégainé pas moins de 34 attestations dites "spontanées". Ces témoignages écrits visent à démontrer la réalité du travail d'assistante parlementaire de Penelope Fillon, qualifié de fictif par l'accusation.

Élus locaux, responsables associatifs, ou encore personnalités locales : ils sont 34 à confirmer via leur témoignage avoir vu Penelope Fillon sur le terrain, en retrait de nombreuses manifestations locales, comme jury d'un concours de pâtisserie, ou encore apportant son aide pour trouver un local de danse. Ainsi tel commerçant assure avoir "toujours eu affaire à Penelope Fillon pour solliciter François Fillon", tel élu atteste l'avoir "fréquemment" vue, seule ou avec son mari, à des manifestations ou des banquets.

Au détour des témoignages, qui émanent aussi bien de l'ancien maire de Sablé-sur-Sarthe que du "PDG de la Société Moules et Outillages", on apprend aussi que "Penelope Fillon s'est personnellement déplacée au sein de la SARL 'Le fournil'" pour traiter la demande d'un administré, ou qu'elle a géré une requête concernant une maison de retraite. 

Mais la stratégie offensive de la défense avait en réalité déjà commencé la veille avec trois "témoins parfaits" pour la défense : les compagnons de route de l'ancien Premier ministre. À la barre, les fidèles secrétaires et l'ancien chef de cabinet ont raconté à l'unisson le rôle fondamental de Penelope Fillon au sein de la petite équipe soudée s'occupant de la Sarthe pour le député.

On "peut discuter de la régularité" de ces témoignages, selon les procureurs

"Il est trop facile" de les brandir "aujourd'hui en fin de parcours", se sont offusqués de leurs côtés les procureurs, qui estiment que l'on "peut discuter de la régularité" de ces témoignages. Pour les représentants du parquet national financier (PNF), les avocats du couple Fillon "avaient tout le temps" de demander l'audition de ces personnes par les juges d'instruction, ce qu'ils n'ont pas fait sciemment.

Une instruction "à charge", et des coups de sang 

L'instruction "a été menée à charge", réplique alors l'ancien candidat de la droite à la présidentielle 2017, dont la campagne avait été atomisée par cette affaire, qui s'emporte : "Cette enquête à charge restera dans les annales comme l'exemple d'un dysfonctionnement judiciaire." "Vous avez eu les fuites" judiciaires pendant l'enquête, "nous avons la stratégie !", renchérit l'un des avocats de François Fillon, Antonin Lévy.

La défense considère que ces témoignages apportent la preuve d'un travail tangible de Penelope Fillon comme assistante parlementaire, dans trois domaines : ses activités de représentation du député Fillon, sa gestion du courrier et la réception des administrés dans leur manoir. Mais chacun campe sur ses positions et lorsque le procureur Bruno Nataf évoque une "confusion entre la vie sociale, la vie politique de François Fillon et la vie professionnelle", ce dernier rétorque aussi sec : "C’est la vie d'un homme politique (...) qui n’a quasiment pas de vie privée." Le procès doit se tenir jusqu'au 11 mars.