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Louise Sallé, édité par Laura Laplaud / Crédit photo : XOSE BOUZAS / HANS LUCAS / HANS LUCAS VIA AFP
Après le suicide de la jeune Lindsay, 13 ans, le ministre de l'Éducation Pap Ndiaye a insisté sur l'efficacité du dispositif de prévention "pHARe". Un dispositif qu'il souhaite renforcer en nommant un "référent harcèlement" rémunéré dans chaque établissement. Des mesures qui existent déjà dans certains établissements comme collège Alfred Sisley à l'Île-Saint-Denis.

Comment lutter contre le harcèlement scolaire ? Ce sera la "priorité absolue" du gouvernement pour la rentrée de septembre. Devant les députés, la Première ministre a dévoilé plusieurs mesures pour enrayer le phénomène : élargissement du dispositif "pHARe" au lycée et mise en place d'un référent anti-harcèlement dans chaque collège. 

Certains établissements ont déjà décidé de mettre en place ce type de mesures. C’est le cas du collège Alfred Sisley à l'Île-Saint-Denis, qui nomme des élèves "sentinelles" dans chaque classe, chargés de repérer au plus vite les situations de harcèlement. Des élèves chapeautés par un adulte référent-médiateur dont l'unique travail est de prévenir les faits de violences au sein du collège.

"Des jeunes filles, qui allaient au parc en compagnie de garçons, étaient filmées sur des moments intimes, diffusés ensuite sur les réseaux sociaux. On avait peut-être une vingtaine de jeunes filles qui étaient en difficulté", raconte tristement Yannick Porte, le principal du collège Alfred Sisley au micro d'Europe 1.

Depuis la rentrée, un médiateur collabore avec 26 élèves sentinelles réparties dans les classes. Ils se réunissent régulièrement pour discuter de situations de violence et seuls les adultes peuvent ensuite intervenir. Une méthode qui porte ses fruits. "On a divisé à peu près par trois le nombre de conseils de discipline", ajoute-t-il.

"Elle a voulu se suicider parce que personne ne l'aimait"

Récemment, une élève a essuyé des insultes homophobes. Mélissa, sentinelle en cinquième, a alerté sur son cas. "Elle est différente. On a fait un goûter, elle a ramené un gâteau et personne ne l'a mangé. Une fois, elle a voulu se suicider parce que personne ne l'aimait. Elle n'avait pas d'amis à ce moment-là", rapporte-t-elle.

Suzanne, 11 ans, en classe de 5e, a vécu un calvaire l'année dernière. Sans raison, ses camarades la frappaient régulièrement. "J'étais harcelée quand j'étais en sixième. J'allais voir la CPE, et elle les convoquait. Quand elles avaient des sanctions, elles recommençaient et ça aggravait les choses. J'avais peur, quand je rentrais, je pleurais. Je rendais copie blanche, je n'arrivais pas à me concentrer parce qu'il y avait toutes les images qui revenaient dans ma tête", confie-t-elle au micro d'Europe 1.

"Les sentinelles sont les amies de tout le monde"

À 14 ans, Sadio est fière d'endosser cette responsabilité de sentinelle. "C'est plutôt mal vu d'aller voir quelqu'un et demander de l'aide. C'est comme si tu te confiais à ton ami parce que les sentinelles sont les amies de tout le monde." Dans le département de la Seine-Saint-Denis, 15 % des collèges ont adopté ce dispositif.

D'après une étude de l'Ifop, 40% des Français seraient victimes de harcèlement au cours de leur scolarité.