La voiture avait été découverte à proximité de la cathédrale de Notre-Dame, en septembre 2016 (photo d'archives). 1:36
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Salomé Legrand, édité par Margaux Lannuzel
Le procès de deux jeunes femmes qui voulaient faire exploser une voiture chargée de bonbonnes de gaz non loin de Notre-Dame, en septembre 2016, s'ouvre lundi à Paris. 

Elles voulaient faire exploser une voiture chargée de bonbonnes de gaz non loin de Notre-Dame, en plein cœur de Paris. Inès Madani et Ornella Gilligmann, deux Françaises radicalisées de respectivement 21 et 32 ans, comparaissent avec six autres personnes - dont Rachid Kassim, sous mandat d’arrêt et présumé mort en Syrie - devant la cour d’Assises spécialement composée à partir de lundi. Plus que celui d'un attentat raté, le procès est celui de l'une des affaires les plus atypiques de l'antiterrorisme français

Une adolescente se faisant passer pour un combattant djihadiste

Tout commence par un flirt sur Internet, en 2016. Depuis le Loiret, Ornella Gilligmann, convertie, radicalisée, mère de trois enfants à bientôt 30 ans, traîne sur des sites consacrés à l'islam. Elle y rencontre un certain Abou Souleymane. Derrière ce soit-disant combattant, rentré de Syrie, se cache en fait Inès Madani, 19 ans, post-adolescente propulsée mentor d'apprentis djihadistes par la magie du numérique. Quand elle donne rendez-vous à Gilligmann au Quick de Sevran, Madani vient carrément avec une rose, de la part de son double masculin.

Personne ne sait précisément ce qu'elles se disent, mais trois jours plus tard, vers 22 heures, les deux jeunes femmes prennent la direction de Paris, chacune au volant d'une voiture. Elles tournent pendant des heures, passent près de la Tour Eiffel, avant d'abandonner l'un des véhicules, une 607 chargée de six bonbonnes de gaz, près de Notre-Dame. Elles envoient une vidéo de revendication à Rachid Kassim, "inspirateur" des attaques terroristes de Magnanville et de Saint-Etienne-du-Rouvray, puis répandent du gazole, jettent une cigarette et s'enfuient. Mais le feu ne prend pas.

Un "commando" de femmes poursuivi pour association de malfaiteurs

L'une sera interpellée quatre jours plus tard au sud d'Orange, dans le Vaucluse, l'autre dans l'Essonne, alors qu'elle fomente une nouvelle attaque avec deux autres jeunes femmes, qui seront elles aussi dans le box des accusés. Parmi elles figure Sarah Hervouët, elle aussi guidée par Rachid Kassim sur des messageries cryptées. Lors de son arrestation, cette dernière porte un coup de couteau à un policier en civil de la DGSI qui se trouve dans une camionnette. 

Le "commando" de femmes a donc rendez-vous devant la justice pour un procès qui devrait durer jusqu'au 12 octobre. Inès Madani et Ornella Gilligmann encourent la réclusion criminelle à perpétuité pour "association de malfaiteurs terroristes criminelles" et "tentative d’assassinat".