Attentat de Conflans : sept personnes mis en examen, dont six pour "complicité d'assassinat terroriste"

Un hommage national a été rendu à Samuel Paty mercredi soir, à la Sorbonne.
Un hommage national a été rendu à Samuel Paty mercredi soir, à la Sorbonne. © FREDERICK FLORIN / AFP
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avec AFP
Le parent d'élève Brahim Chnina et l'islamiste Abdelhakim Sefrioui ont été mis en examen mercredi soir pour "complicité d'assassinat terroriste", après la mort de Samuel Paty, un enseignant des Yvelines, décapité vendredi par un réfugié d'origine tchétchène, après avoir montré des caricatures de Mahomet pendant un cours d'éducation civique.

Le parent d'élève Brahim Chnina et l'islamiste sulfureux Abdelhakim Sefrioui ont été mis en examen mercredi pour "complicité d'assassinat terroriste" dans l'enquête sur la mort de l'enseignant Samuel Paty dans les Yvelines, a annoncé le parquet national antiterroriste. Deux amis de l'assaillant, Naim B. (18 ans) et Azim E. (19 ans), ont également été mis en examen du même chef. Un troisième proche, Yussuf C., est lui poursuivi pour "association de malfaiteurs terroriste en vue de commettre des crimes d'atteintes aux personnes". Tous ont été placés en détention provisoire, sauf Brahim Chnina, qui a toutefois été incarcéré dans l'attente d'un débat sur cette question.

Les deux collégiens de 14 et 15 ans, accusés d'avoir désigné contre rémunération l'enseignant à l'assaillant, ont aussi été mis en examen pour "complicité d'assassinat en relation avec une entreprise terroriste", mais ils ont toutefois étaient laissés libres sous contrôle judiciaire.  Le parquet antiterroriste avait requis le placement en détention pour au moins un des collégiens, contre l'avis des juges d'instruction.

Samuel Paty, enseignant de 47 ans à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines) a été décapité vendredi par Abdoullakh Anzorov, un réfugié d'origine russe tchétchène de 18 ans, pour avoir montré des caricatures de Mahomet lors de deux cours début octobre sur la liberté d'expression. Brahim Chnina, 48 ans, et Abdelhakim Sefrioui, 61 ans, sont accusés d'avoir "nommément désigné comme une cible sur les réseaux sociaux l'enseignant d'histoire-géographie "au moyen d'une manœuvre et d'une réinterprétation des faits", a souligné le procureur antiterroriste Jean-François Ricard lors d'une conférence de presse mercredi après-midi.

 

Un "contexte d'appels aux meurtres"

"Il y a des commanditaires qui sont derrière cet attentat et qui sont certainement ravis de voir que l'enquête se focalise sur des comparses périphériques, qui n'ont jamais voulu une telle horreur", a réagi l'avocat d'Abdelhakim Sefrioui. " Il n'avait aucune idée de ce qui allait se passer, il n'y a eu aucun contact entre eux, rien ne dit même qu'Anzorov ait vu sa vidéo", a-t-il assuré. Selon l'avocat, "les personnes dangereuses, qui ont formé Anzorov, sont à l'abri et vont en former d'autres".

Dans un message envoyé sur les réseaux sociaux après avoir posté la photo de sa victime, Anzorov avait annoncé dans un russe hésitant qu'il avait "vengé le prophète", en reprochant au professeur de l'avoir "montré de manière insultante". L'assassinat de Samuel Paty s'inscrit dans un "contexte d'appels aux meurtres" lancés depuis la republication des caricatures de Mahomet par Charlie Hebdo début septembre, avant l'ouverture du procès des attentats de janvier 2015 à Paris, a souligné le procureur antiterroriste.