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Mélanie Gomez et Hélène Kohl, édité par Grégoire Duhourcau , modifié à
Le plan santé 2022 présenté par Emmanuel Macron prévoit la création de 4.000 postes d'assistants médicaux. Un métier qui serait nouveau en France, mais qui existe déjà en Allemagne depuis les années 60.

C'est l'une des mesures phares du plan santé 2022, présenté par Emmanuel Macron à l'automne. Pas moins de 4.000 postes d'assistant médicaux devraient être créés sous peu. Il s'agit d'un nouveau métier pour soulager nos médecins débordés, et surtout de moins en moins nombreux.

En Allemagne, 15.000 nouveaux assistants médicaux chaque année. En Allemagne, il y en a quasiment dans chaque cabinet médical depuis les années 60. Et le métier a beaucoup de succès puisque 15.000 personnes sont formées chaque année. Dans un cabinet à Berlin, Jessica s'occupe de délivrer les certificats médicaux ainsi que de faire passer les tests d'effort aux patients.

Le médecin n'intervient que pour contrôler les données et signer le papier. Le docteur Berndt considère qu'il est là avant tout pour identifier les maladies, et non pour effectuer ces gestes routiniers. "La santé n'est pas une marchandise et nos patients ne sont pas des clients. Nous sommes médecins, pas fournisseurs de prestations", estime-t-il sur Europe 1.

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Jessica s'occupe donc de faire les pesées, de prendre la tension : "J'ai beaucoup de contact avec les patients et je participe activement à l'élaboration du diagnostic." A l'issue de ses trois années de formation en alternance, elle pourra même faire des prises de sang ou des tests d'allergie.

"Les patients nous parlent davantage de leur famille." L'autre médecin généraliste du cabinet apprécie ce temps gagné qui, au bout du compte, profite aux patients. "Je comprends beaucoup mieux leur état. Les patients nous parlent davantage de leur famille, par exemple. J'ai une vision plus globale et une relation plus personnelle aussi", confie-t-elle.

Le gain de temps, c'est vraiment l'objectif poursuivi en France. Concrètement, ces assistants médicaux seront à moitié secrétaires et à moitié soignants. Par exemple, ils vont s'occuper de gérer l'administratif du cabinet, cette "paperasse" dont se plaignent tous les médecins. Cela peut aller de la prise de rendez-vous à la gestion du DMP, le dossier médical personnel du patient. Ils pourront aussi vérifier si les vaccinations sont à jour.

Et puis surtout, ce nouveau métier aura aussi une vraie dimension médicale. Ces nouveaux professionnels de santé pourront réaliser certains actes simples, comme installer un patient âgé et lui prendre la tension, ou encore mesurer ou peser un bébé. Ils feront une sorte de pré-consultation, un peu sur le modèle de ce que font déjà aujourd'hui les assistants dans les cabinets dentaires.

Au ministère de la Santé, on explique que cette formation s'adressera plutôt à des aides-soignants ou des secrétaires médicaux. Les uns devront se former au secrétariat, les autres plutôt aux soins. Donc pas question que cela deviennent des postes d’infirmiers "low cost", comme le craignent déjà certains syndicats de cette profession.

Négociations compliquées avec les syndicats de médecins. Du côté des médecins, pour faciliter le recrutement de ces assistants médicaux, l'Assurance maladie va financer une partie au moins de leur salaire. Le montant exact de cette subvention est justement en cours de négociation avec les syndicats de médecins. Mais qui dit subventions, dit contreparties. Et c'est là que la négociation coince.

"La caisse d'Assurance maladie a proposé comme contrepartie à l'aide qu'elle nous fournirait, un passage de trois à six consultations par heure. Les médecins ne peuvent pas accepter un critère de rentabilité qui reviendrait à avoir un patient toutes les dix minutes. Il n'en est pas question, pour le bien des patients", assure le docteur Jean-Paul Ortiz, président de la CSMF, la confédération des syndicats médicaux français.

Les négociations entre la sécurité sociale et les médecins reprennent jeudi. On est encore loin d'un accord. Ce qui risque de coincer également, c'est la durée de cette subvention. Les médecins réclament qu'elle soit durable et a priori, elle sera dégressive et probablement limitée à trois ans.