Apprentissage des langues vivantes : que vaut le plan de Najat Vallaud-Belkacem ?

© JACQUES DEMARTHON / AFP
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Dès la rentrée prochaine, l'apprentissage des langues à l'école primaire et au collège sera élargi. 

"Dans une époque marquée par la mondialisation, la connaissance des langues vivantes s’impose", a lancé Najat Vallaud-Belkacem. La ministre de l'Education a présenté vendredi la future "carte académique" et les nouveaux programmes d’enseignement des langues vivantes, qui entreront en vigueur en 2016. Le but : améliorer le niveau en langue étrangère des Français, encore à la traîne par rapport à leurs voisins européens. Selon la ministre, un meilleur apprentissage des langues "s'impose non seulement en termes d’insertion professionnelle et de compétences nécessaires pour aborder le monde d’aujourd’hui, mais aussi pour s’inscrire dans une vision d’ensemble qui transcende les frontières géographiques et nationales". Mais que vaut son plan ? Décryptage.

Davantage de langues dès la primaire. Le premier axe de la réforme proposée par la ministre concerne l'école primaire. Dès la rentrée 2016, l'enseignement d'une langue vivante se fera dès le CP, dans toutes les écoles. Et ce ne sera pas forcement l'anglais : 5.500 écoles élémentaires proposeront un enseignement en langue vivante autre que l'anglais, soit 1.200 écoles de plus qu'aujourd'hui (pour la plupart, ce sera l'allemand). Un "comité national d’orientation de la formation" sera mis sur place pour accompagner les professeurs dans l'apprentissage des langues des élèves de primaire.

Toutes les écoles primaires ne proposeront, toutefois, pas toutes les langues. Et certains regrettent déjà une forte disparité au niveau national. À Caen, par exemple, l'allemand ne sera enseigné que dans trois écoles, contre 652 à Versailles par exemple. "Les décisions des recteurs ne sont pas du tout coordonnées. Il n'y a aucun pilotage national", regrette Valérie Sipahimalani, du syndicat SNES-FSU. "D'une académie à l'autre, c'est la loterie", renchérit-elle au micro d'Europe 1.  

Au collège, une deuxième langue dès la 5e. Au collège, des classes bi-langues (deux langues enseignées dès la 6e) seront maintenues voire créées pour ceux qui n'ont pas appris l'anglais dès l'école primaire. Pour ceux qui ont déjà appris l'anglais dès la 6e (environ 30% des élèves de classes bi-langues actuellement, selon le ministère), les classes bi-langues devraient, en revanche, être supprimées. Si les établissements veulent les maintenir, certains pourront le faire mais au détriment d'autres enseignements facultatifs. "A Lille, le collège maintient la bi-langue sur ses propres fonds. Cela veut dire, en pratique, qu'il va devoir décider s'il dédouble ses travaux pratiques de chimie ou s'il maintient la bi-langue", regrettait, par exemple, Valérie Sipahimalani, du syndicat SNES-FSU. La ministre, pour sa part, estime que les moyens doivent davantage être répartis sur l'ensemble des élèves, plutôt que de privilégier les élèves qui excellent déjà dans une langue.

Une deuxième langue vivante sera d'ailleurs enseignée dès la cinquième. Au total, le ministère de l'Education nationale estime que les élèves français auront, sur l'ensemble de leur "scolarité obligatoire" (en gros, du CP à la 3e), 54 heures en plus d'enseignement d'une langue principale et 54 heures heures en plus d'une langue secondaire.

>> La carte ci-dessous résume ce qui va changer, "REP" signifiant "réseau d'éducation prioritaire" : 

 

Carte 1

 

Développer la mobilité. "Une langue a besoin d'être vécue, d'être pratiquée au quotidien", a par ailleurs reconnu Najat Vallaud-Belkacem. La ministre propose donc de mettre davantage l'accent sur la "mobilité" des élèves à l'étranger. D’ici 2017, 100 % des collèges et lycées seront ainsi engagés dans un "partenariat scolaire" avec des établissements étrangers. D’ici 2017 également, plus de 50 % des écoles primaires seront "investies dans le cadre d’un projet européen ou international", pouvant donner lieu à des voyages ou des échanges avec d'autres établissements.