Affaire Mia : sa mère mise en examen pour enlèvement de mineur en bande organisée

La mère de famille est soupçonnée d'avoir enlevé sa fille avec le soutien d'un "commando".
La mère de famille est soupçonnée d'avoir enlevé sa fille avec le soutien d'un "commando". © SEBASTIEN BOZON / AFP
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avec AFP , modifié à
La mère de Mia, retrouvée dimanche dernier après plus de cinq jours de cavale avec sa fille, dont elle avait planifié l'enlèvement, a été mise en examen, vendredi, a annoncé le procureur de la République de Nancy, François Pérain. 

La mère de Mia, qui avait commandité l'enlèvement de sa fille de 8 ans dont elle n'avait plus la garde, a été mise en examen vendredi à Nancy, après avoir été extradée par la Suisse. Lola Montemaggi, 28 ans, était en détention depuis dimanche dans le canton de Vaud, où elle avait été retrouvée avec sa petite fille et arrêtée.

Remise aux autorités françaises par leurs homologues suisses en fin de matinée, elle a été mise en examen dans la soirée pour "enlèvement de mineur de 15 ans en bande organisée" et "soustraction de mineur par ascendant hors du territoire de la République", a indiqué vers 22H45 le procureur de la République de Nancy, François Pérain.

"Elle ne supportait pas de ne pas voir sa fille"

Si elle n'a pas voulu détailler l'organisation de l'enlèvement de Mia, "par contre, elle a souhaité assumer son acte, le justifier et le légitimer", a ajouté le procureur. "Elle ne supportait pas de ne pas voir sa fille, elles étaient fusionnelles (...) C'était pour elle inconcevable, et puis elle s'est laissé entraîner, elle n'a pas fait le bon choix", a déclaré l'avocat de Lola Montemaggi, Me Stéphane Giuranna, évoquant "une femme qui est triste". "Elle se sentait prise au piège, perdue, non écoutée et elle n'a pas fait le bon choix, elle le sait, elle le comprend", a-t-il ajouté.

Extradé en même temps qu'elle, un autre ressortissant français surnommé "Roméo", qui l'avait aidé lors de sa cavale en Suisse, a été mis en examen pour "enlèvement aggravé et association de malfaiteurs". Celui-ci "a finalement reconnu avoir participé à la préparation de l'enlèvement", notamment via une visioconférence avec les autres membres du groupe, selon François Pérain. Le parquet a requis leur placement en détention provisoire.

Une troisième personne a été présentée vendredi après-midi au juge d'instruction. Cette retraitée habitant dans l'Aude et surnommée "Harmonie" a été mise en examen "pour association de malfaiteurs en lien avec un crime" et "placée sous contrôle judiciaire", a précisé François Pérain. "Elle jouait le rôle de secrétaire à distance pour Rémy Daillet-Wiedemann. A ce titre, elle a établi une liste d'accueillants susceptibles d'être sollicités dans le cadre des actions menées par le mouvement", a expliqué le procureur de Nancy.

Un mandat d'arrêt international à l'encontre de Rémy Daillet-Wiedemann

Un mandat d'arrêt international a été lancé à l'encontre de Rémy Daillet-Wiedemann, figure du mouvement complotiste résidant en Malaisie, soupçonné d'avoir contribué à l'organisation de l'enlèvement de Mia. Selon un responsable de la police malaisienne, Kuala Lumpur est prêt à coopérer avec la France sur cette enquête, malgré l'absence d'accord d'extradition entre les deux pays. "Plusieurs charges sont réunies contre Rémy Daillet-Wiedemann", reposant "principalement" sur les auditions des participants au groupe ayant procédé à l'enlèvement de Mia, a affirmé François Pérain.

Mia, 8 ans, a été enlevée sans violence le 13 avril dans les Vosges, par plusieurs hommes, à la demande de sa mère, qui n'avait plus le droit de la voir seule ni de lui parler au téléphone. Se revendiquant de la mouvance anti-système, les ravisseurs s'étaient fait passer pour des professionnels de la protection de l'enfance et avaient réussi à emmener la petite fille, hébergée chez sa grand-mère maternelle.  La procédure d'Alerte enlèvement avait été déclenchée. Quatre hommes avaient été interpellés un ou deux jours plus tard, puis un cinquième.

Mia a été remise à sa grand-mère maternelle

L'enfant a été retrouvée saine et sauve dimanche dans un squat de la commune de Sainte-Croix (canton de Vaud), avec sa mère, qui tentait de gagner la Russie, selon des éléments dévoilés par François Pérain.

Âgés de 23 à 60 ans, les cinq hommes ayant organisé le kidnapping sont poursuivis pour "enlèvement en bande organisée d'une mineure de (moins de) quinze ans et association de malfaiteurs". Quatre d'entre eux ont été placés en détention. Le cinquième a été placé sous contrôle judiciaire. Un sixième homme est toujours recherché. Mia a été remise lundi à sa grand-mère maternelle.