Affaire Fillon : l'enquête se poursuit, et maintenant ?

François Fillon a indiqué qu'il ne renoncerait à se présenter que s'il est mis en examen.
François Fillon a indiqué qu'il ne renoncerait à se présenter que s'il est mis en examen. © CHARLY TRIBALLEAU / AFP
  • Copié
, modifié à
Après avoir reçu les premiers résultats de l'enquête préliminaire, le parquet national financier a annoncé qu'il poursuivrait ses investigations, jeudi.

"Les investigations vont se poursuivre dans le strict respect des règles qui gouvernent le code de procédure pénale." Plus de trois semaines après l'ouverture de son enquête préliminaire pour détournements de fonds publics et abus de biens sociaux, le parquet national financier (PNF) n'en a pas fini avec l'affaire Fillon. Aux avocats du candidat LR à l'élection présidentielle, qui critiquent une enquête "nulle et dénoncent "l'incompétence" du PNF, le parquet a répondu que sa seule mission était '"d'appliquer la loi, fondement du pacte démocratique", jeudi. Et balayé l'hypothèse d'un dessaisissement, tout comme celle d'un classement sans suite.

  • Que signifie le communiqué du parquet national financier ?

"L'office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (OCLCIFF) a remis au parquet national financier, le 15 février 2017, les premiers résultats de l'enquête préliminaire qui lui a été confiée le 25 janvier", écrit le procureur de la République financier. Après examen, ce dernier ajoute que "les nombreux éléments déjà recueillis ne permettent pas d'envisager, en l'état, un classement sans suite de la procédure." Le PNF décide donc de continuer à enquêter avant de prendre une décision.

Les "éléments" auxquels le procureur fait référence pourraient être de différente nature. En trois semaines, les enquêteurs ont eu le temps d'entendre les différents protagonistes du dossier : les époux Fillon, leurs enfants, mais aussi d'anciens collaborateurs parlementaires et Michel Crépu, directeur éditorial de la Revue des Deux Mondes, entre autres. Plusieurs perquisitions ont également été menées, notamment à l'Assemblée nationale, où les policiers n'ont trouvé ni badge, ni adresse mail au format des assistants parlementaires au nom de Penelope Fillon.

  • Combien de temps l'enquête va-t-elle encore durer ?

Le 1er février, après avoir dénoncé un "coup d'État institutionnel", François Fillon demandait aux parlementaires LR de "tenir 15 jours et d'être solidaires". Le court intervalle de temps séparant l'ouverture de l'enquête préliminaire des premières auditions et perquisitions laissait en effet penser que la décision du PNF pouvait être attendue rapidement.

Trois semaines plus tard, force est de constater que le parquet reste maître du calendrier. Certes, l'affaire a été traitée plus rapidement que tout autre dossier politico-financier de cette ampleur, en raison du contexte particulier dans lequel il s'inscrit - celui d'une campagne présidentielle. Mais dans ce genre de cas, l'enquête dure en général plusieurs mois. Les "investigations" que le PNF doit encore mener pourraient donc s'étendre aussi longtemps que nécessaire. "Le parquet attend des éléments d'enquête complémentaires avant de se prononcer", selon une source proche du dossier. 

  • Quelles sont les issues possibles ?

Même si le PNF précise s'exprimer "en l'état", l'évocation de "nombreux éléments" ne permettant pas d'envisager un classement sans suite semble éliminer l'une des options qui s'offraient au parquet. Les investigations achevées, il lui en restera donc deux : citer directement les protagonistes devant un tribunal correctionnel, ou ouvrir une information judiciaire en confiant la poursuite des investigations à des juges d'instruction. Eux seuls sont habilités à placer un acteur du dossier sous le statut intermédiaire de témoin assisté, ou à prononcer d'éventuelles mises en examen.

  • François Fillon pourra-t-il se présenter à l'élection présidentielle ?

Depuis l'éclatement de cette affaire, qui plombe sa campagne, François Fillon a martelé sa volonté d'aller "jusqu'au bout", excluant tout retrait de la course à la présidentielle, à moins d'être mis en examen. S'il l'était avant le 17 mars, date limite pour le dépôt des parrainages au Conseil constitutionnel, le candidat devrait donc abandonner et laisser sa place, en catastrophe, à un "plan B" au sein de son parti.

Mais la poursuite des investigations fait craindre une autre option : celle d'une mise en examen intervenant entre le 17 mars et le 23 avril, date du premier tour de l'élection présidentielle. Dans cet intervalle, un retrait de François Fillon laisserait les Républicains sans candidat, le dépôt étant clos. La perspective ne semble pas inquiéter le Sarthois, déterminé : "Je m'en remets donc désormais au seul jugement du suffrage universel", a-t-il réagi, jeudi.