Affaire Bygmalion : Nicolas Sarkozy veut saisir le Conseil constitutionnel

A l'appui de sa QPC, Nicolas Sarkozy fait valoir qu'il a déjà été sanctionné définitivement en 2013 par le Conseil constitutionnel pour le dépassement du plafond autorisé.
A l'appui de sa QPC, Nicolas Sarkozy fait valoir qu'il a déjà été sanctionné définitivement en 2013 par le Conseil constitutionnel pour le dépassement du plafond autorisé. © AFP
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avec AFP , modifié à
Nicolas Sarkozy se voit reprocher d'avoir dépassé le plafond légal des dépenses électorales, malgré les alertes des experts-comptables de sa campagne. 

La défense de l'ancien président Nicolas Sarkozy entend soulever mercredi une question prioritaire de constitutionnalité (QPC) devant la cour d'appel au moment où celle-ci doit examiner son recours contre son renvoi devant le tribunal dans l'affaire Bygmalion, a-t-on appris de source proche du dossier. L'avocat de Nicolas Sarkozy, Thierry Herzog va plaider cette QPC lors de cette audience à huis clos devant la chambre de l'instruction consacrée à l'examen des appels de l'ancien candidat à la présidentielle et des treize autres protagonistes contre leur renvoi devant le tribunal correctionnel de Paris. 

Le plafond légal des dépenses électorales dépassé. Renvoyé en février pour "financement illégal" de sa campagne présidentielle de 2012, Nicolas Sarkozy se voit reprocher d'avoir dépassé le plafond légal des dépenses électorales - alors fixé à 22,5 millions d'euros - en ayant engagé des frais pour au moins 42,8 millions d'euros, malgré les alertes des experts-comptables de sa campagne. 

"Non bis in idem". A l'appui de sa QPC, Nicolas Sarkozy fait valoir qu'il a déjà été sanctionné définitivement en 2013 par le Conseil constitutionnel pour le dépassement du plafond autorisé. Cette décision, confirmant celle de la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politique qui avait invalidé ses comptes en 2012, avait été prise avant la révélation de l'affaire et portait sur un dépassement, bien moindre, de 363.615 euros. L'avocat de l'ancien candidat, aujourd'hui retraité politique depuis sa défaite à la primaire de la droite en novembre 2016, soutient que ses poursuites devant le tribunal violent le principe du "non bis in idem" selon lequel nul ne peut répondre deux fois des mêmes faits. 

Une fraude à grande échelle. L'affaire, révélée en 2014, a mis au jour une fraude à grande échelle pour masquer le dépassement du plafond. Et ce, en imputant à l'UMP (devenue LR), via des fausses factures de la société Bygmalion, plus de 16 millions d'euros de dépenses qui auraient dû figurer au compte de campagne du candidat. La chambre de l'instruction devra décider, probablement à une autre date, si elle transmet ou non cette QPC à la Cour de cassation, qui devra à son tour se prononcer sur une éventuelle saisine du Conseil constitutionnel.

La tenue de l'audience sur le dossier Bygmalion est donc incertaine, d'autant qu'elle fait l'objet d'une demande de renvoi, formulée par l'un des mis en examen, Guillaume Lambert, ex-directeur de la campagne, selon une source proche du dossier. En cause, un télescopage de l'audience avec un autre recours, le pourvoi en cassation examiné le même jour contre la constitution de partie civile de l'association anticorruption Anticor.