Affaire Benalla : "je n'ai vu aucun policier contester" les violences, témoigne l'auteur de la première vidéo

L'homme a filmé la première vidéo d'Alexandre Benalla, révélée mercredi soir par "Le Monde".
L'homme a filmé la première vidéo d'Alexandre Benalla, révélée mercredi soir par "Le Monde". © Capture d'écran YouTube
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Mélanie Nunes et
"Leur comportement laissait paraître que c'est eux qui commandaient l'opération", estime l'auteur des images qui ont fait éclater l'affaire à propos d'Alexandre Benalla et de Vincent Crase. 
TÉMOIGNAGE

Sa vidéo a fait éclater un scandale qui secoue désormais tout l'exécutif. Disponible sur les réseaux sociaux depuis le 1er mai, elle a été relayée mercredi soir par le journal Le Monde, qui y a repéré Alexandre Benalla, collaborateur d'Emmanuel Macron, se livrant à des violences sur des manifestants en marge d'une opération de police. Taha Bouhafs témoigne sur Europe 1 de sa surprise face à l'ampleur que prend cette affaire. 

"Je sors mon téléphone". "Il y a un apéro militant place de la Contrescarpe (à Paris, ndlr), pour débriefer sur la journée et sur la mobilisation", se souvient le jeune homme, qui se présente comme un "militant des quartiers populaires" sur Twitter. "On se retrouve là-bas et très rapidement, il y a des CRS qui commencent à encercler la place. Très rapidement il y a des matraques, des coups de gazeuse, et là on voit apparaître les deux collaborateurs d'Emmanuel Macron (Alexandre Benalla et Vincent Crase, autre ancien collaborateur de l'Elysée, également en garde à vue, ndlr) ", poursuit-il. "À ce moment-là je ne savais absolument pas de quoi il s'agissait, moi je sors mon téléphone."

"Je filme ça comme une violence policière, comme d'habitude", explique le militant. "Quand je m'approche de lui et que je filme son visage, c'est pour qu'il y ait l'IGPN qui soit saisie et qu'il soit sanctionné. Quand on compile toutes les vidéos et qu'on regarde ce qui s'est passé, on voit que c'est Benalla et Crase qui commandent. Je n'ai vu aucun policier contester."

"Ces violences sont banalisées". "Cette vidéo, elle est passé inaperçue, quand je l'ai filmée le 1er mai", s'indigne aujourd'hui le jeune homme, qui s'estime désormais au cœur d'une histoire "folle". "C'est quoi ? C'est un policier qui vient, qui tabasse quelqu'un par terre et qui le laisse après. Le jour-même, sur mon fil Twitter, j'identifie la préfecture de police et personne ne reprend. Ça veut dire que ces violences policières sont banalisées. Et je me dis : ça on l'a filmé par hasard, mais qu'est-ce qu'on n'a pas filmé ?"

"Sur le plan humain, j'ai été complètement dépassé", souffle Taha Bouhafs. "J'ai filmé ça et je me suis retrouvé en plein dans une affaire d'État. Ça montre bien l'importance de sortir son téléphone quand il y a des opérations de police."