Un camp de migrants à Calais. 1:10
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Lionel Gougelot édité par Romane Lizée
En 2019, près de 2.800 migrants ont été interceptés ou secourus en mer par la gendarmerie ou les affaires maritimes, quatre fois plus que l'année précédente. En cause notamment, les passeurs qui font croire aux migrants que la traversée vers le Royaume-Uni sera plus difficile après la sortie du pays de l'Union européenne.
REPORTAGE

Les mois précédant le Brexit ont été marqués par une explosion spectaculaire du nombre de traversées de migrants depuis la ville de Calais, dans le Pas-de-Calais, vers le Royaume-Uni. Celles-ci ont plus que quadruplé par rapport à 2018 : près de 2.800 migrants ont été interceptés ou secourus en mer par la gendarmerie ou les affaires maritimes en 2019, contre 600 l’année précédente. Des centaines d'autres ont par ailleurs sans doute réussi leur passage de l'autre côté de la Manche.

"Souvent ils embarquent à 12 ou à 15 sur des embarcations prévues pour 6 personnes"

A l’origine de ce flux précipité vers le Royaume-Uni : les réseaux de passeurs, qui font croire aux migrants qu’il est urgent de traverser car l’accès au pays serait plus difficile après le Brexit. "Tout le monde en parle, mais je ne sais pas si c’est vrai", confie un des migrants irakiens installé dans un des petits camps de la région.

Problème : ce sentiment d’urgence pousse les migrants à embarquer toujours plus nombreux sur les bateaux et rend la traversée encore plus dangereuse. "Souvent, ils embarquent à 12 ou à 15 sur des embarcations prévues pour 6 personnes", rapporte Pascal Le Gentil, commandant du remorqueur de haute-mer Abeille Languedoc et bateau de secours en mer basé à Boulogne-sur-Mer.

"Compte-tenu des conditions de vie ici, on est prêt à tout faire"

L’an dernier, quatre migrants ont trouvé la mort dans le détroit. "Une des personnes qui s’est noyée en tentant la traversée à la nage s’était ceinturée avec des bouteilles de plastiques pour se constituer une flottabilité…", raconte Philippe Dutrieux, préfet maritime de la Manche-Mer du Nord. Le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner se rend vendredi matin à Calais pour faire un état des lieux.

Malgré les dangers de la mer et la présence de la police sur le littoral, rien n’arrêtera les migrants, estime Noël, guinéen installé dans un camp en France. Même pas le Brexit. "Compte-tenu des conditions de vie ici, on est prêt à tout, Brexit ou pas Brexit", affirme-t-il. "Les migrants qui ont l’intention d’aller en Angleterre, ils finissent toujours par rentrer, rien ne pourra les empêchera d’y aller." Les passeurs, eux, seront toujours là pour faire croire à l’eldorado de l’autre côté de la Manche.