A Guidel, les parents des bébés nés sans bras attendent des réponses : "Ne nous menez pas en bateau"

Tiphaine, la maman d'Aliénor née il y a cinq ans sans avant-bras gauche a le sentiment qu'il aurait pu être fait beaucoup plus pour connaître l'origine des malformations.
Tiphaine, la maman d'Aliénor née il y a cinq ans sans avant-bras gauche a le sentiment qu'il aurait pu être fait beaucoup plus pour connaître l'origine des malformations. © pixabay.com / Christianabella
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François Coulon, édité par Clémence Olivier , modifié à
Pour la première fois, des responsables des autorités sanitaires rencontrent mardi des parents de bébés nés sans bras ou sans mains à Guidel, dans le Morbihan.

Le face à face s'annonce tendu. Mardi, les autorités sanitaires doivent rencontrer lors d'une réunion publique à Guidel, dans le Morbihan, les parents des quatre enfants nés sans mains ou sans avant-bras entre 2011 et 2013 dans cette commune bretonne de 10.000 habitants. C'est la première fois que des responsables de Santé Publique France sont directement confrontés aux familles.

"Ne nous menez pas en bateau". Ces familles ont le sentiment qu'il aurait pu être fait beaucoup plus pour connaître l'origine des malformations de leurs enfants. Certes, elles ont été soumises à un long questionnaire médical, mais il n'y a pas eu de véritable enquête sur place, dénonce Tiphaine, la maman d'Aliénor née il y a cinq ans sans avant-bras gauche.

"Ne nous menez pas en bateau ! J'ai l'impression que l'enquête de terrain n'a pas été menée. Est-ce que l'on a analysé l'eau que nous buvons et avec laquelle nous lavons nos légumes ? Est-ce que l'on a fait des prélèvements dans la terre ? Est-ce que les agriculteurs ont été soumis à des questionnaires dans la mesure où l'on suspecte des causes environnementales ? Je me demande comment ce travail a été fait et s'il a été fait…", s'interroge-t-elle.

Une étude sur les enfants d'agriculteurs ? En un mois, la mairie de Guidel a reçu une soixantaine de témoignages et de marques d'inquiétude de la part des habitants. "On est quelques-uns à se demander pourquoi il n'a pas été fait une étude sur les enfants dans les familles d'agriculteurs. On aurait un échantillon de population plus directement confronté à tout ça", estime Jo Daniel, le maire de Guidel. "Pourquoi se refuse-t-on à le faire ? "

"Rien ne vous est caché". Mercredi dernier, le directeur général de l'agence Santé publique France, le Dr. François Bourdillon, a annoncé qu'une nouvelle enquête, nationale cette fois, était en cours dans l'affaire des bébés nés sans mains, bras ou avant-bras. Santé publique France a conclu à un excès de cas (par rapport à ce qui est statistiquement attendu) en Loire Atlantique (3 naissances entre 2007 et 2008) et en Bretagne (4 naissances entre 2011 et 2013). De nombreux cas révélés dans l'Ain (18 enfants nés entre 2000 et 2014 avec une malformation des membres supérieurs) soulèvent également des interrogations.

"Nous avons commencé par le département de l'Ain, nous finirons dans le mois prochain la région Rhône-Alpes et nous couvrirons l'ensemble du territoire", a détaillé François Bourdillon. "Rien ne vous est caché", a-t-il assuré.