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Sandrine Prioul, édité par Clément Perruche , modifié à
L'Australie a pris tout le monde de court en annulant ce jeudi la commande historique de douze sous-marins à la France. D'une valeur de 31 milliards d'euros, ce "contrat du siècle" était censé faire vivre de nombreuses familles à Cherbourg, où est installé Naval Group, le constructeur des sous-marins.

A Cherbourg, le réveil était difficile ce matin. Dans la nuit de mercredi à jeudi, l'Australie a annulé la commande de douze sous-marins français qui devaient être construits sur les chantiers de Naval Group. Le constructeur est installé à Cherbourg, dans la Manche, et fait vivre plusieurs centaines de familles. Les responsables politiques locaux regrettent l'annulation de la commande, un véritable "choc" pour Naval Group.

500 familles concernées

La pilule est difficile à avaler pour Naval Group. Le fleuron français de l'industrie navale emploie des centaines de salariés depuis plusieurs années sur ce chantier. Sont concernées 500 familles présentes à Cherbourg, dont des Australiens, installés en France depuis plusieurs années.

L'annulation porte un coup dur à l'industrie du territoire, comme l'a affirmé David Margueritte, le président de l'agglomération du Cotentin. "C'est une entreprise à laquelle nous sommes particulièrement attachés. Dans chaque famille, nous connaissons un collaborateur de Naval Group. C'est à eux que je pense aujourd'hui face à la réalité du choc qu'il sont en train de vivre. Parce que c'est évidemment très compliqué depuis cinq ans, de travailler sur un contrat qui est brutalement remis en cause par une décision étatique".

José Batista est le délégué syndical CFE-CGC de Naval Group, il n'avait rien vu venir : "Il y a un gros impact économique et social. On est à peu près sur 650 personnes en France et 350 en Australie, donc il y a un gros sujet de reclassement. On a la chance d'avoir un carnet de commande généreux donc nous ne sommes pas très inquiets sur le reclassement du personnel. Toutefois en termes de social, c'est jamais évident. Du jour au lendemain, tout s'arrête."

"Un coup dans le dos"

Le patron du Cotentin tente de se rassurer en espérant que des reclassements seront effectués au sein de l'entreprise et rappelle que les carnets de commande de l'entreprise sont pleins pour plusieurs décennies. Naval Group n'a pour l'instant pas exposé les recours qu'il comptait mettre en place après l'annulation de ce "contrat du siècle".

Dans la nuit de mercredi à jeudi, l'Australie a surpris tout le monde en annonçant qu'elle allait commander des sous-marins auprès des Etats-Unis, avec lesquels elle a scellé un partenariat stratégique. Dans la foulée, Jean-Yves Le Drian, le ministre des Affaires étrangères, a dénoncé "un coup dans le dos" de la part de l'Australie. Florence Parly, la ministres des Armées, a quant à elle qualifié la rupture du contrat de "grave".

Le patron de Naval Group devrait s'exprimer cet après-midi à l'occasion d'une rencontre avec ses salariés.