À Caen, un programme d'échange entre élèves français et allemands pour "faire évoluer les conceptions de l'Histoire"

Matthieu Belliard a rencontré l'enseignant à l'origine de l'initiative et certains de ses élèves.
Matthieu Belliard a rencontré l'enseignant à l'origine de l'initiative et certains de ses élèves. © Thierry Dagiral/Europe 1
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Margaux Lannuzel , modifié à
Depuis un an, un groupe de lycéens français échange avec de jeunes Allemands et Polonais, dont certains assisteront aux commémorations du 6 juin 1944, jeudi. Europe 1 les a rencontrés. 
INTERVIEW

"L'idée, c'était de repartir des perceptions des jeunes, brutes, sans rien leur donner, en allant l'un chez l'autre. Pour voir comment ils évoluent sur leurs conceptions de l'Histoire et de l'Europe", explique Ludovic Cahagnier, 39 ans. Ce professeur d'histoire-géographie normand est à l'origine de l'opération "regards croisés", avec ses élèves, âgés d'une quinzaine d'années. Depuis un an et jusqu'en 2020, les lycéens échangent régulièrement avec de jeunes Allemands et Polonais. 

"Tout le monde est content de venir en Normandie"

"À mi-chemin, on est très satisfaits du travail qui a été accompli", assure l'enseignant. "On est partis du postulat qu'en Normandie, l'histoire avec un grand H se lie avec l'histoire familiale et personnelle de pas mal de Normands", poursuit-il, soulignant l'importance des commémorations du 6 juin 1944, auxquelles assisteront plusieurs des lycéens partenaires, jeudi.

"Je trouve moi, depuis 1945, la première cérémonie, qu'il y a un moment, une pause en Europe, où tout le monde est content de venir en Normandie et nous les Normands on est contents d'accueillir l'Europe et le monde", note Ludovic Cahagnier, pour qui l'invitation officielle de l'Allemagne aux célébrations, depuis 2004, marque un tournant : "la boucle est bouclée". 

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"Il y avait une résistance en Allemagne aussi"

Les élèves français ont ainsi pu se rendre à Stuttgart et à Berlin. "Ce qui nous a le plus surpris, c'est qu'il y avait une résistance en Allemagne aussi", explique Leïa, ravie du voyage. Et de glisser : "L'avenir c'est notre génération." 

Amar, lui, est arrivé d'Allemagne en France pour les célébrations de jeudi. "Ce qui m'a surpris le plus, c'est de voir tous les vétérans de la guerre avec les décorations et les médailles", affirme-t-il. "C'est quelque chose qu'on ne voit pas en Allemagne à cause de notre histoire très sévère. La fierté nationale qu'il y a en France n'existe pas en Allemagne."