Voile intégral : les policiers sceptiques

Les syndicats de policiers s'interrogent sur l'application sur le terrain de la loi interdisant le port du voile intégral dans l'espace public.
Les syndicats de policiers s'interrogent sur l'application sur le terrain de la loi interdisant le port du voile intégral dans l'espace public. © MAX PPP
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avec Alain Acco
L’application de la loi sur le voile intégral, définie par une circulaire, s’annonce compliquée.

Sur le papier, l’affaire paraît simple. Le voile intégral est interdit dans tous les lieux ouverts au public. Interdit dans la rue, les transports collectifs et les bâtiments officiels. Interdit aussi dans les commerces, les restaurants ou les cinémas, sous peine d’une amende qui peut aller jusqu’à 150 euros. Et d’après la circulaire émise la semaine passée par le ministère de l’Intérieur et rendue publique lundi, les policiers devront faire usage de pédagogie et de persuasion pour inviter la contrevenante à montrer son visage. Pas question de provoquer une émeute pour un simple contrôle d’identité.

 

Voilà pour la théorie. Mais dans la réalité, l’application s’annonce des plus compliquées, à en croire les syndicats de policiers. "Cette circulaire ouvre le parapluie administratif, mais elle ne permettra pas aux policiers sur la voie publique d’échapper à un certain nombre de difficultés", regrette ainsi Nicolas Comte, secrétaire général du syndicat unité SGP Police, interrogé par Europe 1.

 

"Inapplicable sur le terrain"

 

"Tous les policiers savent que la loi sur le port du voile intégral va générer des difficultés d’application sur le terrain, abonde Mohamed Douhane, de Synergie officiers, pour qui les zones d’ombre demeurent. "On nous demande de faire preuve de diplomatie et de pédagogie. Certes, mais que faire si la personne voilée refuse d’ôter son voile afin de se soumettre à un contrôle d’identité ? Ça, c’est une vraie question. Cette même circulaire mentionne qu’en cas de difficulté, le procureur de la République sera avisé. Très bien, mais sur quelle instruction, et sur quels délais ?"

 

La conclusion du policier est sans appel. "Je crains qu’on ait fait voter une loi qui est inapplicable sur le terrain, et qui sera inappliquée", redoute Mohamed Douhane. "D’autant plus que les policiers sont persuadés qu’au moindre incident, au moindre trouble à l’ordre public, ils seront rendus responsables, et ils ne manqueront pas d’être une fois de plus stigmatisés." Les autres syndicats sont sur la même ligne, convaincus que la loi sur la voile intégral ne sera pas davantage appliquée que celle sur l’occupation des halls d’immeuble.