Une salle de shoot sera expérimentée à Paris

© Max PPP
  • Copié
Sophie Amsili et Eve Roger , modifié à
Matignon a donné son feu vert. Le maire du Xe arrondissement se porte volontaire.

Le feu vert. Une première "salle de shoot" devrait bientôt voir le jour. Destinée à la consommation de drogue dans de bonnes conditions d'hygiène, elle doit également permettre de réduire les troubles à l'ordre public et le sentiment d'insécurité des habitants. Comme l'avait révélé Europe 1 en août, le cabinet de la ministre de la Santé Marisol Touraine, travaille sur ce projet d'expérimentation depuis l'été dernier. La Mildt (Mission interministérielle de lutte contre les drogues et toxicomanies) est désormais chargée de mettre en place le projet.

>> LIRE AUSSI : Les "salles de shoot", c'est quoi ?

Près de la gare du Nord ? De nombreuses questions restent encore en suspens, à commencer par le lieu. Le maire du Xe arrondissement de Paris, Rémi Féraud, a confirmé à Europe 1, qu'il se portait "volontaire pour accueillir" la première salle. Alors que la localisation de celle-ci sera discutée dans les prochaines semaines, Rémi Féraud propose le quartier de la gare de la Nord. Pourquoi là-bas ? Car "plusieurs centaines d'injecteurs" consomment de la drogue dans ce quartier au nord du Xe arrondissement, à la frontière avec le XVIIIe. Entrées d'immeubles, toilettes publiques, ou encore parking souterrains servent déjà de salles de shoot improvisées. "Les riverains subissent déjà et depuis plusieurs années tous les problèmes et l'insécurité de toxicomanes livrés à eux-mêmes dans leur rue", regrette Rémi Féraud. "Le projet de salle de consommation à moindre risque a deux objectifs : la santé publique et la tranquillité publique."

Les conditions. Il s'agit d'une salle "fixe", par opposition au bus mobile de Médecins du monde, souligne le maire du Xe arrondissement qui liste les conditions nécessaires pour qu'un local soit adapté : il ne doit pas avoir "d'interférence avec une entrée d'immeuble ni une entrée de salariés dans un bureau. Il doit aussi être bien visible, il ne s'agit pas d'avoir un lieu caché dans une impasse." Pour réunir toutes ces conditions, le maire en appelle à la SNCF pour l'aider à trouver un local. Le lieu pourrait être ouvert l'après-midi et en début de soirée, pas dans la nuit.

Pour quel budget ? Il sera compris entre 800.000 et un million d'euros, selon les informations recueillies par Europe 1. 200 toxicomanes pourraient y être reçus chaque jour. Il faudra pour cela recruter une douzaine d'encadrants.

Quand ? Matignon n'a communiqué aucun calendrier. Rémi Feraud espère, lui, une "ouverture avant l'été". Mais rien n'est certain.

"Une bêtise" pour Bernard Debré." On est tombé dans la facilité et la démagogie", a réagi Bernard Debré, député UMP de Paris et médecin, à l'antenne d'Europe 1. L'élu y voit une mesure "dangereuse" car elle "pourrait favoriser la consommation" de drogue. Il alerte, de plus, sur des "problèmes juridiques majeurs : "si un drogué fait une overdose et meurt dans une salle de shoot, qui est responsable ? C'est l'Etat. Si un drogué sort de la salle de shoot et commet un crime ou un délit, qui est responsable ? C'est l'Etat." Je considère que c'est une bêtise et qu'il vaudrait mieux mettre cet argent dans la prévention qui n'existe pas assez", conclut le député.