Un vétérinaire peut-il soigner un homme?

Il existe aujourd'hui environ 16.000 vétérinaires en France.
Il existe aujourd'hui environ 16.000 vétérinaires en France. © MAX PPP
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Charles Carrasco avec AFP , modifié à
Les principaux intéressés jugent "irréaliste" la proposition formulée par une élue de Côte d’Or.

La proposition de Françoise Tenenbaum, vice-présidente PS du Conseil régional de Bourgogne, a déclenché une levée de bouclier des professionnels de santé. Cette adjointe au maire PS de Dijon souhaite faire appel aux vétérinaires dans "les situations d’urgence" pour remplacer les généralistes dans les déserts médicaux. Problème : concrètement, la mesure semble difficilement applicable.

Un cursus différent

Aujourd’hui, les passerelles de formations entre la médecine vétérinaire et la médecine humaine sont inexistantes. Même si les deux professions ont un titre de "docteur", les formations sont très différentes : six ans pour un médecin généraliste, sept dont deux années de classes préparatoires pour les vétérinaires. Pierre Buisson, président du syndicat national des vétérinaires d’exercice libéral, défend au micro d’Europe 1 "le concept d’une seule santé.  Mais aujourd’hui les deux formations sont étanches. Un vétérinaire qui veut devenir médecin doit reprendre le cursus de vétérinaire à zéro."

"C'est totalement irréaliste et dangereux ! On n'est pas du tout compétents pour faire une médecine humaine", prévient même Gérard Vignault, président du Conseil régional de l'ordre des vétérinaires de Bourgogne.

Bien consciente de cette limite, Françoise Tenenbaum, qui a jeté le pavé dans la mare, propose de mettre en place "une année de formation" en plus pour les "vétos".

Plus de médecins que de vétérinaires

Reste à trouver des professionnels disponibles au bon endroit. En France, il y a environ 200.000 médecins (généralistes et spécialistes) contre seulement 16.000 vétérinaires. Les médecins sont donc plus nombreux mais la question des déserts médicaux, en zone rurale, inquiète de plus en plus. Le Conseil national de l’ordre des médecins (CNOM) estime qu’en province, seulement deux médecins s’installent pour vingt-cinq départs en retraite.

Bien que le numerus clausus du concours d’entrée en médecine ait été relevé de 300 places pour 2012, "il faudra une dizaine d’années pour que ces nouveaux médecins soient formés et puissent pratiquer", rappelle Françoise Tenenbaum, qui défend la proposition dans ce contexte d’urgence.

Les vétérinaires présentent l’avantage d’être mieux répartis sur le territoire que les médecins. Selon les estimations de la profession,  il y a encore au moins un vétérinaire tous les dix kms. "La pénurie de vétérinaires n’est pas installée, confie Pierre Buisson. Par contre le réseau est fragile."

Une modification de la loi

Dans l’hypothèse où les vétérinaires dispenseraient des soins à des humains, il faudrait de toute façon procéder à une modification de la loi. En effet, seuls les professionnels titulaires d’un diplôme d’Etat de docteur en médecine ont droit de soins sur un patient "humain".