Tchernobyl : la Corse veut savoir

La Collectivité territoriale de Corse veut connaître précisément les effets du passage du nuage de Tchernobyl au-dessus de l'île.
La Collectivité territoriale de Corse veut connaître précisément les effets du passage du nuage de Tchernobyl au-dessus de l'île. © REUTERS
  • Copié
avec AFP , modifié à
26 ans après la catastrophe, la population est invitée à participer à une vaste enquête.

En octobre 2001, la Collectivité territoriale de Corse (CTC) s’était solennellement élevée contre la décision de la cour d’appel de Paris de ne pas poursuivre les investigations sur l’impact du nuage radioactif de Tchernobyl en France. Les élus de l’assemblée avaient alors décidé de confier à l'hôpital Galliera de Gênes une étude épidémiologique concernant les conséquences sanitaires de la catastrophe dans l’île. Cette étude est entrée dans une nouvelle phase vendredi, avec la sollicitation de la population.

"Appel à la population"

Plus de 26 ans après l’explosion du réacteur numéro 4 de la centrale ukrainienne, survenue le 26 avril 1986, une grande enquête a donc été lancée auprès de la population corse. La CTC a diffusé un "Appel à la population" pour "recenser les pathologies déclarées après le passage du nuage radioactif et susceptibles d'avoir été causées par celui-ci : maladies du sang (hémopathies malignes, lymphomes ou leucémies) et maladies de la thyroïde", précise l’instance dans un communiqué.

La CTC a précisé que ces données seraient transmises à l'hôpital Galliera de Gênes, chargé de l’étude. La population, selon le communiqué, est appelée à contacter directement l'équipe du professeur italien Paolo Cremonesi de l'hôpital italien, par téléphone (06.85.39.63.39.) et par e-mail (tchernobyl.corsica@gmail.com). Les personnes concernées sont celles qui ont vécu en Corse à partir de 1975 et ont développé une maladie du sang ou de la thyroïde entre 1980 et 2010.

Controverse

Le passage du nuage de Tchernobyl et ses conséquences font l’objet d’une controverse en France. Les autorités françaises n’ont jamais reconnu la moindre conséquence sanitaire, répandant l’idée que, selon l’expression consacrée, le nuage s’est arrêté aux frontières françaises. Et dans un arrêt de non-lieu rendu le 7 septembre 2011, la cour d’appel de Paris a estimé que cette catastrophe n'avait pas eu de conséquence sanitaire mesurable en France. Elle a notamment mis hors de cause l'ancien directeur du Service central de protection contre les rayons ionisants, le Professeur Pierre Pellerin, seul mis en examen, pour "tromperie aggravée", en 2006, dans ce dossier.

En Corse, où une explosion du nombre de cancers et de maladies de la thyroïde avait été enregistrée dans les années suivant la catastrophe de Tchernobyl, cette décision avait suscité incompréhension et colère. La CTC s’était déclarée, à l’unanimité de ses élus, "indignée de la démarche des autorités politiques qui ont voulu mettre un terme à une procédure judiciaire susceptible de conduire à la vérité".