Stop aux dépassements d’honoraires

En 2010, près de 4 spécialistes sur 10 exerçaient en secteur 2.
En 2010, près de 4 spécialistes sur 10 exerçaient en secteur 2. © MAXPPP
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avec Fabien Cazeaux
La Sécu s'inquiète devant la proportion de médecins pratiquant les dépassements d’honoraires.

Cette fois, l'Assurance maladie tire officiellement la sonnette d'alarme. L’organisme a fait part mardi de la forte progression ces dernières années des dépassements d’honoraires des médecins, estimant qu'il fallait réformer ce système pour arrêter cette dérive.

 

En l’espace de vingt ans, le montant des dépassements d’honoraires a quasiment doublé. Cela concerne surtout les spécialistes installés à leur compte en secteur 2, où les tarifs sont libres, c’est-à-dire fixés par les praticiens eux-mêmes. Ainsi, en 2010, si un médecin sur quatre exerçait en secteur 2, la proportion montait à plus de 4 sur 10 chez les spécialistes.

 

Outre la région parisienne, c’est souvent dans les zones où le pouvoir d’achat est le plus élevé, comme les Alpes Maritimes, le Rhône ou l’Alsace, que les spécialistes tendent de plus en plus à fiwxer eux-mêmes leurs tarifs.

 

Les jeunes médecins plus tentés que leurs aînés

 

Et la tendance ne devrait pas s'inverser à l'avenir, comme l’a souligné sur Europe 1 Dominique Polton, directrice des statistiques à l’Assurance maladie. D’après elle, "ce qui est très frappant, c’est que le pourcentage de jeunes médecins en secteur 2 est beaucoup plus élevé que parmi les gens déjà en exercice".

 

Par exemple, illustre-t-elle, "chez les gynécologues-obstétriciens, plus de 80% des jeunes exercent en secteur 2." Aussi, en 2010, 84% des ORL ont procédé à leur passage en secteur 2.

 

Sécu, mutuelles et médecins se renvoient la balle

 

Résultat : la situation est de plus en plus difficile à vivre pour les patients, qui doivent s’acquitter d’un "reste à charge" de plus en plus important et compter sur leur mutuelle. Ainsi, le dépassement moyen est passé entre 1990 et 2010 de 25% à 54% du tarif dit opposable, c'est-à-dire que la Sécu prend en compte pour ses remboursements.

 

Mais alors, qui est le fautif dans cette affaire ? Pour Jean Marty, du syndicat des gynécologues obstétriciens de France, c’est à la Sécurité sociale de revoir ses barèmes de remboursement.

 

D’après lui, les gynécologues sont "obligés" de pratiquer des compléments d’honoraires "pour faire face à des choses que tout le monde connaît, comme nos assurances qui augmentent considérablement". "C’est un système pour rattraper une défaillance lourde de la Sécurité sociale, qui a refusé de revaloriser nos tarifs pratiquement depuis trente ans", clame-t-il.

Un règlement politique en vue

 

De son côté, la Sécu souhaite mettre en œuvre l’idée d’un secteur dit "optionnel", entériné en 2009, avec l’engagement commun des représentants des médecins libéraux et des organismes complémentaires. Or, la solution n'a visiblement pas eu le succès escompté.

 

A ce jour, les négociations semblent donc être au point mort, à tel point que la seule solution pourrait être politique, selon le directeur général de la Caisse nationale d'assurance maladie (CNAMTS), Frédéric van Roekeghem. Un débat en vue pour 2012.