Soutenu par son village, condamné par la justice

La cour d'assises de Haute-Saône avait requis 6 à 8 ans de prison à l'encontre de l'accusé, un père de famille âgé de 38 ans.
La cour d'assises de Haute-Saône avait requis 6 à 8 ans de prison à l'encontre de l'accusé, un père de famille âgé de 38 ans. © MAXPPP
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avec AFP , modifié à
Accusé d’avoir tué un délinquant, Charles B. a écopé de cinq ans de prison dont un an ferme.

La mobilisation des villageois de Vezet n'a pas suffi à éviter une condamnation même si elle a pesé sans doute dans les débats. La cour d’assises de Haute-Saône a condamné vendredi à cinq ans de prison, dont un an ferme, Charles B, un homme jugé pour le meurtre d’un délinquant en 2008, près de Vesoul.

Les faits s’étaient produits le 14 juillet 2008. Intrigué par des bruits suspects, l’accusé, un père de famille âgé de 38 ans, s'était dirigé vers la cabane d'un voisin, armé d’un couteau. Il s’était alors retrouvé nez-à-nez avec Frédéric Badet, à qui il avait porté trois coups de couteau. Blessé au foie, le voleur présumé s'était réfugié dans la grange familiale où il avait succombé.

La victime, un homme de 35 ans, déficient mental, avait été condamné dans la passé cinq fois pour des affaires de vol avec violence, extorsion de fonds et cambriolage.

Dans le village de Charles B., une pétition avait circulé pour qu’il ne soit pas condamné. Elle avait recueilli plus de 18.000 signatures.

Charles Beau "n’a pas eu l’intention de tuer"

Lors des réquisitions, l'avocate générale Nathalie Perrin n'avait pas soutenu l'accusation d'homicide volontaire, mais celle de "violence avec arme ayant entraîné la mort". Risquant au départ une peine de 20 ans de prison, l’accusé a bénéficié d’une requalification des faits en "violence volontaire ayant entraîné la mort sans intention de la donner". "Les jurés ont pris en considération la personnalité d'un homme de bien. Ce n'est pas un meurtre (...) C'est d'avantage le contexte qui a compté", a détaillé l'avocat du prévenu.

L'accusé a reconnu les faits et affirmé ne "pas avoir eu l'intention de tuer", même s'il a porté délibérément deux coups de couteau alors que sa victime "cherchait à fuir". Il a également expliqué avoir pris le couteau pour se "réconforter, pour ne pas avoir peur s'il se passe quelque chose".

Les avocates de la victime ont estimé que "Frédéric Badet a été victime de la rumeur", mettant également l'accent sur la "douleur de cette famille qui a perdu une fils, un frère". "Il ne méritait pas la mort", a notamment déploré la mère de Frédéric Badet à la sortie du tribunal.