Séropositif, il contamine sa compagne

Le verdict est attendu vendredi
Le verdict est attendu vendredi © MAXPPP
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avec Pierre de Cossette et AFP , modifié à
Cet homme de 35 ans a aussi exposé deux autres concubines. Son procès s’ouvre mardi à Paris.

Il se savait séropositif mais il n’a rien dit à ses partenaires. Un homme de 35 ans comparaît devant la cour d’assises de Paris à partir de mardi pour avoir sciemment contaminé sa concubine et exposé deux autres jeunes femmes entre 2004 et 2008. Un crime très rare pour la justice française.

Lorsqu'il rencontre sa principale victime, Hicheim G. est séropositif depuis quatre ans. Il le sait mais ne dit rien. La relation dure dix mois, il s'installe même chez sa compagne. Le préservatif, il n'en veut pas. Elle, elle lui fait confiance.

Parce qu'il est un jour hospitalisé, Hicheim est finalement obligé d'avouer à sa compagne qu'il est porteur du VIH. Mais il est trop tard : la jeune femme est déjà contaminée. Dans les mois qui suivent, l'enquête montre qu'il a exposé au même risque deux autres compagnes.

"Il a menti à ses partenaires"

Le traumatisme pour les victimes est d'autant plus grand qu'il ne s'agissait pas d'"aventures d'un soir". "On touche à l'intime, on touche à ce qu'il y a de plus précieux dans cette relation intime : la confiance. La confiance que l’on donne, où sans doute on abaisse un petit peu son niveau de vigilance parce que justement on est amoureux", analyse Me Eric Morain, avocat des parties civiles.

"C'est un point sur lequel il a joué. Il a menti à ses partenaires, il a manipulé ses partenaires, il leur a imposé ces relations sexuelles. Aujourd’hui, elles s’en veulent beaucoup parce que non seulement, elles ont été contaminées, elles ont été agressées mais en plus elles ont été trahies. Ce sentiment de trahison crée chez les parties civiles un sentiment de culpabilité très très fort", poursuit-il.

"Elles ont été trahies" :

 

L'accusé se sent "responsable de ses actes"

Trahison et angoisse car la jeune femme contaminée n'a pas encore développé le sida. Les deux autres victimes continuent de voir une menace planer au-dessus de leur tête. "C’est l’angoisse permanente. On a beau se raisonner, réfléchir de manière rationnelle, il y a toujours cette crainte de se dire peut-être que la maladie va apparaître", insiste Me Eric Morain en soulignant que, pour elles, la tenue d'un procès est déjà "une grande victoire".

Mensonge ou vengeance ? L'accusé, en détention depuis trois ans, n'a jamais justifié ses actes. Aujourd'hui, Hicheim aurait "évolué", explique son avocat Me Pascal Garbarini. "Il veut vraiment dire que son état d'esprit a changé, qu'il n'est absolument plus dans le déni et qu'il se sent tout à fait responsable des actes qu'il a commis", confie Me Garbarini.