Rude semaine pour le prévenu Kerviel

"Je ne suis pas responsable de cette perte et des faits qui me sont reprochés", a assuré Jérôme Kerviel lors des débats.
"Je ne suis pas responsable de cette perte et des faits qui me sont reprochés", a assuré Jérôme Kerviel lors des débats. © Reuters
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Frédéric Frangeul avec agences , modifié à
RESUME - L’ex-trader a été mis à l’épreuve lors des premières audiences de son procès en appel.

La partie n'est pas gagnée pour Jérôme Kerviel. L’ancien trader a passé une rude semaine devant la Cour d’appel de Paris, prenant sa défense en main, réitérant des arguments maintes fois avancés et invoquant un "complot" de sa hiérarchie. Il assure que la banque l'a laissé agir pour faire de lui le bouc émissaire des pertes provoquées par les "subprimes".

L'ancien trader au physique de jeune premier, 35 ans, condamné en 2010 à trois ans de prison ferme et 4,9 milliards d'euros de dommages et intérêts, paraît décidé à tout tenter pour ne pas porter seul le chapeau. Retour sur les moments forts de cette première semaine d’audience.

Un destin en jeu. Jérôme Kerviel, costume bleu sombre, chemise blanche au col ouvert, seul prévenu, a pris lundi 4 juin place sur un fauteuil au premier rang de la grande salle d'audience de la 1ère chambre de la cour d'appel de Paris, devant de nombreux journalistes mais un public clairsemé. Il a rapidement fixé l'enjeu de ce procès pour lui : "Ici devant vous, je joue ma peau...", a-t-il lancé au tribunal. Il s’était auparavant présenté comme "sans profession depuis un an" et "actuellement" sans revenus.

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Un mea culpa. Jérôme Kerviel a pris, en le cachant par de fausses positions, des positions de 30 milliards en 2007 puis de 50 milliards en 2008. "C'était une erreur de ma part, une erreur extravagante", a reconnu l'ancien trader. Son nouvel avocat, Me David Koubbi, a toutefois clamé qu'il démontrerait l’innocence de son client.

Une ligne de défense sans surprise. "Je ne suis pas responsable de cette perte et des faits qui me sont reprochés". Face à la cour, Jérôme Kerviel maintient sa ligne de défense utilisée en première instance, à savoir qu'il a agi en connaissance de "cause de sa hiérarchie". Une salle de marchés n'est pas "une ONG", ni les traders des "perdreaux de l'année", a fait valoir l'ancien trader pour démontrer  que l'objectif de la Société générale était de gagner de l'argent et que beaucoup de coups étaient permis pour y parvenir.

Une présidente à poigne. Depuis le début des débats, Mireille Filippini, la présidente du tribunal, a fait montre de pugnacité, n'hésitant pas à questionner Jérôme Kerviel pour le pousser dans ses retranchements et lui demandant des preuves qui tardent à venir sur sa théorie du complot. Mais la présidente ne s’est pas contentée d'acculer le prévenu, elle a aussi fait preuve de fermeté avec les avocats de la partie civile. Ainsi, dès le premier jour du procès, Mireille Filippini s'est gentiment moquée du ténor Alain Weil, parti bouder dans son coin, en lui lançant "Allons maître, ne faites pas de caprice...". Le procès doit durer jusqu’au 28 juin.