Qui est vraiment Toni Musulin?

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Fabienne Cosnay , modifié à
PORTRAIT - Décrit comme un homme sans histoire, le convoyeur avait en fait une double vie.

Ce sera l’un des enjeux du procès. Toni Musulin va t-il sortir de son mutisme et dévoiler où sont passés les 2,5 millions d’euros qui manquent à l’appel ? Rien n’est moins sûr. Depuis qu’il s’est rendu à la police monégasque, le 16 novembre dernier, le convoyeur de fonds a opté pour la stratégie du silence. Interrogé à plusieurs reprises par un juge d’instruction, Toni Musulin a répondu par bribes, déclarant "ne pas savoir et ne pas se souvenir". Comme si tout était déjà joué. "Il sait qu’il est jugé d’avance" déplore l’un de ses avocats, Me Hervé Banbanaste, joint par Europe1.fr.

Un solitaire

Il ne faudra pas compter sur son entourage pour en savoir davantage. Placé à l’isolement depuis cinq mois à la prison de Corbas, Toni Musulin n’a reçu aucune visite exceptée celle de ses avocats. Ni amis, ni famille. "Sa famille, il ne veut pas en parler. Elle n’est d’ailleurs pas attendue au procès" assure Maître Hervé Banbanaste. En détention, le convoyeur a passé ses journées à entretenir son physique de rugbyman (1,80 mètre pour quelque 100 kilos) en faisant du sport, footing et musculation au programme. Il a aussi appris l’anglais. Reçu de nombreux courriers de demandes en mariage d’admiratrices. "Beaucoup de jeunes femmes lui ont envoyé des photos dans des positions lascives" s’amuse son conseil.

Côté pile…

A écouter son entourage familial ou professionnel, Toni Musulin est l’archétype de "Monsieur tout le monde". Célibataire et sans enfant reconnu, d'origine serbo-croate, le convoyeur, âgé de 39 ans, mène en apparence une vie des plus ordinaires à Villeurbanne. Employé chez Loomis depuis une dizaine d’années, il est apprécié par sa hiérarchie et ses collègues. "Ce n'était pas un grand bavard mais il était fiable", indique un collègue.

Le convoyeur râlait parfois contre ses patrons et se plaignait d’être mal payé, sans pour autant qu’on l’imagine faire le casse du siècle. "Sa vie, c'était le boulot, le sport et rester chez lui le soir", avait résumé dans une interview son ancienne compagne. Toni Musulin a aussi la réputation d’être très économe, voire pingre. Des collègues l’avaient même surnommé "la pince". Le contraire d’un flambeur.

Côté face…

Une vie des plus ordinaires balayée au fur et à mesure de l’avancée de l’enquête. Toni Musulin menait en réalité grand train. Amoureux des belles voitures, il avait acheté en avril dernier une Ferrari F430. Un bolide qui vaut plusieurs dizaines de milliers d'euros alors qu'un convoyeur gagne 1.700 euros net par mois. Un goût pour les belles bagnoles qui l'avait poussé à créer une société de vente de véhicules de luxe, dans le Nord ou l'Est de la France, selon son ex-compagne.

Les enquêteurs ont aussi découvert qu’il possédait une dizaine de comptes bancaires dans plusieurs établissements, pour un montant total proche de 100.000 euros. Toni Musulin avait aussi placé 115.000 euros dans une société civile immobilière (SCI), liée à la propriété d’un immeuble à Romans-sur-Isère, dans la Drôme. Des comptes soldés à la fin du mois d’octobre. Avant son casse.

- Le personnage de Toni Musulin vous fascine-t-il encore ?