Prostitution : le Sénat rétablit le délit de racolage passif

© REMY GABALDA / AFP
  • Copié
Fabienne Cosnay avec agences , modifié à
RETOUR EN ARRIÈRE - Les sénateurs ont supprimé dans la nuit de lundi à mardi la pénalisation des clients et vidé le texte des  députés de sa substance.

Des prostituées coupables et des clients pas pénalisés. Comme attendu, les sénateurs ont vidé de sa substance la proposition de loi visant à renforcer la lutte contre la prostitution. Par 165 voix contre 44, les membres du Palais du Luxembourg ont supprimé dans la nuit de lundi à mardi la pénalisation des clients et rétabli le délit de racolage passif.

Les prostitués pénalisées, pas les clients. Ce délit, instauré en 2003 par Nicolas Sarkozy, pénalise le "fait, par tout moyen, y compris par une attitude même passive, de procéder publiquement au racolage d’autrui en vue de l’inciter à des relations sexuelles en échange d’une rémunération".

Les sénateurs ont également confirmé la suppression de la pénalisation des clients de prostituées par une amende de 1.500 euros, pourtant votée par l'Assemblée nationale en décembre 2012.

"Un vote réac". Ce vote du Sénat a scandalisé l'association Mouvement du Nid, qui vient en aide aux prostitués. Ce choix du Sénat de rétablir le délit de racolage et de supprimer la pénalisation des clients, est "réac, déshonorant et irresponsable", a dénoncé mardi le collectif.

Le texte repart à l'Assemblée. Le texte devrait repartir en deuxième lecture à l'Assemblée. En cas de désaccord entre les deux chambres, ce seront les députés qui auront le dernier mot. "La navette continue", ont d'ailleurs souligné les élus socialistes Catherine Coutelle et Maud Olivier. "Notre détermination et notre confiance restent intactes, notre but reste le même : permettre aux quelque 90% de personnes prostituées victimes de la traite, dans leur immense majorité des femmes, de sortir enfin de ce véritable esclavage moderne".

>> LIRE AUSSI - Pénalisation des clients : parole de prostituées étrangères

>> LIRE AUSSI - La Suède, la bon modèle pour lutter contre la prostitution ?

>> LIRE AUSSI - Prostitution : "cachée, je risque ma vie"