On lui interdit d'épouser son beau-fils

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avec AFP , modifié à
Pendant trois ans, Elisabeth a été l'épouse du père d'Eric. Ce dernier l'a demandé en mariage.

La loi n'accepte pas leur union et pourtant, tout est prêt pour leur mariage : faire-parts, plan de table, menu, etc. Le couple est ensemble depuis plus de cinq ans, sauf qu'avant d'être amoureux, Elizabeth était la belle-mère d'Eric. Un statut qui les empêche de se marier. Europe1.fr revient sur leur histoire d'amour peu commune.

Beau-fils avant d'être son compagnon. La rencontre entre Elizabeth et Eric remonte à plus de vingt ans. A l'époque, Eric n'est autre que le fils du nouveau compagnon d'Elizabeth, rencontré alors qu'elle n'avait que 24 ans. Plus âgé qu'elle de 16 ans, l'homme a déjà eu un fils né d'une première union : Eric. Ce dernier n'est absolument pas attiré par la nouvelle compagne de son père. Eric fait d'ailleurs sa vie de son côté et devient père d'une petite fille.

"Je vis un cauchemar". En 2005, tout bascule. Elizabeth et son mari se séparent. Eric rend alors régulièrement visite à sa belle-mère pour lui apporter son soutien. Les deux Mosellans tombent alors amoureux et emménagent ensemble en 2007. Et en novembre dernier, Eric demande la main d'Elizabeth. "Quand Éric m'a demandée en mariage, j'étais heureuse, sur un petit nuage. Aujourd'hui, on m'accuse d'inceste", déplore-t-elle avant d'ajouter : "je vis un cauchemar".

Car le couple dit avoir déjà investi 8.000 euros dans les préparatifs pour une cérémonie prévue le 27 juillet et refuse d'annuler la fête. "Tout est prêt : la salle, le traiteur, l'orchestre. J'ai déjà ma robe et tous les accessoires. On n'annulera pas", assure Élisabeth.

L'Elysée refuse toute dérogation. Mais à la mairie, ça coince. Le code civil stipule en effet qu'"en ligne directe, le mariage est prohibé entre tous les descendants et ascendants et alliés dans la même ligne". Seuls "une dérogation du président de la République" ou "le décès de l'ancien époux" peuvent permettre au couple de se marier. Quand ils ont appris qu'ils risquaient fortement de se retrouver dans l'illégalité, les deux fiancés ont donc écrit une lettre au chef de l'Etat, il y a deux mois. Mais la réponse de l'Elysée, arrivée mercredi, se borne à rappeler la disposition du code civil.

"Et on parle de mariage pour tous ?" "J'ai reçu une lettre du président François Hollande, qui m'écrit que mon mariage est 'prohibé', et qu'aucune dérogation n'est possible parce que mon premier mari n'est pas mort. Je ne vais quand même pas attendre la mort de mon ex-mari pour me remarier!", a confié jeudi Élisabeth. "On veut juste se marier comme tout le monde, mais à cause d'une loi à la noix, qui d'un autre côté autorise deux cousins à se marier, on ne peut pas. Et on parle de mariage pour tous ?", regrette de son côté Éric.

Des poursuites devant la Cour européenne de droits de l'Homme ? Le couple a donc adressé un nouveau courrier au Président de la République, cette fois en recommandé avec accusé de réception, pour lui demander de lever l'interdiction, et il prévoit le cas échéant d'aller jusqu'à la Cour européenne de droits de l'Homme pour obtenir satisfaction. En 2005, la CEDH avait condamné la Grande-Bretagne pour avoir empêché un mariage et autorisé l'union entre un beau-père et une belle-fille.