Mulhouse : entre violences et résignation

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Marcantoine Bindler avec Frédéric Michel, à Mulhouse , modifié à
REPORTAGE - Depuis plusieurs mois la ville est le théâtre de violences urbaines à répétition.

L'INFO. Dans la nuit de samedi à dimanche, des CRS ont été la cible de jets de pierres et de cocktails Molotov dans le quartier de Bourtzwiller, à Mulhouse, dans le Haut-Rhin. Bilan : pas de blessés et aucune interpellation mais une nuit agitée de plus dans la ville, théâtre d'incidents à répétions depuis plusieurs mois avec l'agression de pompiers au cours de la nuit de la Saint-Sylvestre, puis, une semaine plus tard, l'attaque d'un tramway pour laquelle deux adolescents mineurs ont été placés en garde à vue puis écroués.  A Mulhouse, les habitants excédés mais aussi résignés se sont confiés au micro d'Europe 1.

>> Mise à jour, mardi, 10 heures : Dans un communiqué, la préfecture du Haut-Rhin et le procureur de Mulhouse annoncent qu'un coup de filet a été mené lundi soir dans les quartiers de Bourtzwiller et des Coteaux "dans le cadre d’un trafic de stupéfiants alimentant l’économie souterraine". Cette opération "a permis d’interpeller les auteurs et complices présumés et de déterminer leurs rôles respectifs", poursuit le communiqué, qui assure que "les opérations se sont déroulées sans incident".

• Deux quartiers "sensibles". Ces violences se concentrent principalement sur deux quartiers "sensibles" de la ville, Bourtzwiller et les Coteaux, qui entourent Mulhouse. Ici, 25% des 18-25 ans sont touchés par le chômage. Si les habitants de ces cités refusent de parler de "Far West", la situation n'a que trop duré.

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"Le souci, c'est que quand on regarde la moyenne d'âge, on s'aperçoit que ce sont des gamins de moins de 15 ans", confie un Mulhousien au micro d'Europe 1."Il est vrai qu'avec  la loi sur les mineurs, ils ont l'impression de pouvoir faire ce qu'ils veulent et qu'ils ne seront pas sanctionnés", poursuit-il en assurant que pour ces jeunes "c'est un jeu".  

• Une minorité face à une population résignée.  Pour Karim, qui a grandi dans le quartier de Bourtzwiller, le phénomène est surtout porté par une minorité d'agitateurs : "c'est des petits groupes qui ont un peu le sang chaud et qui n'ont pas grand-chose à faire", assure-t-il.  "C'est un peu ennuyant pour la population autour. Mais à Mulhouse, les gens se sont malheureusement habitués à ces débordements".

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Une résignation que confirme Nathalie, native du quartier et qui y travaille aujourd'hui dans un commerce : "on n'est plus choqués d'entendre des choses comme ça, c'est notre quotidien", assure la jeune femme.  "C'est dur pour  nous qui travaillons dans ces situations là. On ne peut rien faire et on a l'impression de ne pas avoir d'aide".  Pour autant, la vie au quartier que décrit Nathalie est bien loin de ce lot de violences trop souvent relayé par les médias. Pour elle, "il n'y a pas que des méchants". "On aide les mamans à porter les courses.  C'est un  bon quartier, on est bien.  Tout le monde se connait, tout le monde est sympa", conclut la jeune femme.

Récemment, des renforts de police sont arrivés dans la ville. Le maire de Mulhouse s'en est félicité tout en rappelant qu'au quotidien, la municipalité, les associations et le monde éducatif sont présents dans ces quartiers.