Menacé de sanction à cause de sa coupe afro

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avec AFP

Un steward d'Air France est menacé de sanction pour une coupe de cheveux qui ne correspond pas aux normes de la compagnie aérienne, ont dénoncé la CFDT PNC et l'UGICT-CGT PNC du groupe, qui demandent l'arrêt de la sanction engagée à son encontre.

Une perruque pendant 5 ans

Aboubakar Traoré "est en difficulté au sein de sa compagnie" depuis 2002 pour une coupe de tresses couchées sur le crâne qui s'arrêtent au col, a expliqué à l'AFP un syndicaliste de la CFDT. Pour être admis à effectuer ses heures de vol, il a dû porter une perruque pendant 5 ans, déplore l'UGICT-CGT PNC dans un communiqué. Aujourd'hui, Aboubakar Traoré est "empêché" de voler "malgré les coiffures différentes qu'il a présentées à chaque fois, au prix d'efforts et de sacrifices", écrit le syndicat.

Une procédure de sanction disciplinaire est engagée contre le steward qui ne pourra pas remonter dans un avion "tant que sa coiffure ne sera pas conforme à l'uniforme" imposé, a expliqué à l'AFP la direction de la compagnie française."Le règlement stipule qu'un homme ne peut pas porter les cheveux longs ou des tresses", détaille une porte-parole d'Air France.

Nouveau règlement

"L'image de la compagnie doit être uniforme dans un souci d'esthétisme et d'élégance", a-t-elle ajouté. L'UGICT-CGT PNC demande la fin de "cette situation grotesque et dramatique" pour le steward. La Fédération des associations africaines et créoles (FAAC) et la Fédération Total Respect, qui rassemble dix organisations de lutte contre les racismes, homophobies et sida appellent de leur côté le Défenseur des droits, Dominique Baudis, "à procéder à un nouvel examen" de la réglementation chez Air France.

En 2009, Aboubakar Traoré avait en effet saisi la Halde (Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l'égalité). En octobre 2011, sur demande du Défenseur des droits, qui a entre-temps remplacé la Halde, "Air France a modifié ses règles de présentation pour tenir compte des codes esthétiques actuels", rappelle la direction. Et, en janvier, le Défenseur des droits a clôturé le dossier demandant à M. Traoré de se conformer au nouveau règlement, ce qu'il n'a pas fait, explique la porte-parole.

Cependant, pour l'UGICT-CGT PNC, le Défenseur des droits a considéré "que l'ajout de deux photos de stewards noirs aux cheveux ras et d'un steward asiatique mettait fin au caractère discriminatoire du manuel des règles de port de l'uniforme d'Air France" sans présenter de solution concrète à l'employé.