Mediator : Jacques Servier mis en examen

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Pierre de Cossette et avec AFP , modifié à
Le fondateur du laboratoire est cette fois poursuivi pour homicides et blessures involontaires.

L'info. Le fondateur des laboratoires Servier, Jacques Servier, a été mis en examen mardi pour homicides et blessures involontaires dans le cadre d'un des volets de l'enquête sur le Mediator conduite à Paris, a-t-on appris de source judiciaire. Il a été placé sous contrôle judiciaire avec un cautionnement de 75.000 euros, a-t-on précisé.

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Ce que ça change. Jacques Servier était déjà mis en examen notamment pour tromperie et escroquerie dans un autre volet de l'enquête. Ces nouvelles poursuites, qui le visent directement, reposent sur des qualifications pénales très lourdes, ces deux chefs étant passibles de trois ans d'emprisonnement et de 45.000 euros d'amende si aucune circonstance aggravante n'est retenue.

"Cette mise en examen était attendue et elle marque un tournant important car les juges ont écarté toute idée de dissimulation de données par Servier vis-à-vis des autorités sanitaires", ont réagi les avocats des Laboratoires et de son fondateur, Me Hervé Temime et François De Castro. Les juges ont retenu la dissimulation d'informations seulement vis-à-vis des médecins et patients et concernant les propriétés anorexigènes du médicament, sa parenté commune avec la norfenfluramine et ses effets indésirables, a précisé Me De Castro.

Ce qui lui est reproché. Après des mois d'enquête aux quatre coins de la France, des experts, qui ont examiné les victimes présumées du Mediator, ont recensé de nombreuses victimes toutes liées à la prise du médicament. Sur la grosse centaine d'expertise 42 cas sont positifs : 40 blessés et deux décès sont en effet remontés au juge d'instruction. La mise en examen au chef d'homicides involontaires vise notamment le cas des deux décès. La quarantaine de cas de blessés sont visés pour le chef de blessures involontaires par manquement délibéré, dont 14 ayant entraîné une incapacité totale de travail supérieure à trois mois.

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Les juges soupçonnent Jacques Servier d'avoir manqué aux obligations élémentaires de prudence en maintenant le médicament sur le marché. Selon eux, le fondateur des laboratoires Servier connaissait les effets secondaires du médicament, comme la valvulopathie, ce dysfonctionnement des valves du cœur. Six sociétés du groupe Servier ont également été mises en examen, sur ces mêmes motifs. De leur côté, les avocats du laboratoire contestent avoir dissimulé des choses et revoient la balle aux autorités de santé qui avaient tous les éléments pour connaitre les dangers du mediator et n'ont rien fait.

Entre 500 et 2.000 décès. Le Mediator a été prescrit pendant trente ans. Destiné aux diabétiques en surpoids, mais largement prescrit comme coupe-faim, il a causé 500 à 2.000 décès, selon plusieurs études. Il a finalement été retiré du marché le 30 novembre 2009.

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