Marina n'était "pas en danger immédiat"

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Assiya Hamza avec AFP , modifié à
Les services sociaux suivaient la famille de la fillette depuis 2008. En vain.

Il "n'y avait pas de danger immédiat repéré". Quelques jours après la comparution d'Eric et Virginie Sabatier, poursuivis pour la mort de leur fille Marina en 2009, la cour d'assises de la Sarthe a entendu une cadre des services sociaux du conseil général. L'enjeu de ce procès est notamment de déterminer la part de responsabilité de chacun dans ce drame.

La famille évaluée en mai 2009

En mai 2009, l'alerte du directeur d'école de Marina pour "absentéisme scolaire répété, petites blessures repérées et comportement boulimique de l'enfant" est bien reçue par les services du conseil général. Mais, les parents déménagent alors vers Ecommoy.

Dès le 19 mai, les services sociaux trouvent la nouvelle adresse de la famille de Marina. "Le 25 mai je confirme la demande d'évaluation de la famille", explique la responsable chargée de la "prévention et la protection de l'enfance. Le 2 juin, nouvelle alerte. Cette fois-ci, ce sont le médecin pédiatre et l'assistante sociale de l'hôpital de la ville qui signalent des suspicions de maltraitance ou de négligence sur Marina. Le signalement est également transmis en complément au service social du secteur d'Ecommoy.

Pas de "danger immédiat et avéré"

Le 17 juin, soit quelques semaines avant le décès de la fillette, la responsable des services sociaux, entendue lundi par la cour d'assises, et une puéricultrice se rendent au domicile des Sabatier pour un contrôle. La seule possibilité de mettre en place une "mesure de protection sans délai" d'un enfant était, selon elle, de constater un "danger immédiat et avéré". Mais ce jour-là, rien ne l'indiquait.

Le 25 juin, la puéricultrice retourne sur place et parle néanmoins de "vigilance".  Un nouveau rendez-vous est prévu avec les parents, selon une note reçue par la responsable en août 2009. Entre-temps, un rendez-vous prévu le 1er juillet a été reporté par le père.

Le 19 août, nouvelle visite au domicile. Les parents sont là mais sans Marina ou son grand frère, soi-disant partis dans un parc d'attractions. Nouvelle visite le 1er septembre, la mère est là mais ni le père ni Marina, soi-disant partis à Paris. La fillette est déjà morte. Selon ses parents, elle est décédée dans la nuit du 6 au 7 août 2009.

Les premiers signalements en 2008

Les services sociaux sont d'autant plus sur la sellette que les premiers signalements pour mauvais traitements remontaient à 2008. Faute d'éléments suffisants caractérisant l'infraction pénale, l'enquête du parquet avait été classée sans suite le 6 octobre 2008. Ce n'est finalement que le 5 mars 2009 que le conseil général prendra enfin des nouvelles du dossier judiciaire, rappelle le président de la cour d'assises, Denis Roucou.

"On considère que le signalement a été traité", explique la cadre du conseil général. "Mais la justice traite sur le terrain de l'infraction pénale, pas de la protection de l'enfance", note Denis Roucou, renvoyant ainsi la balle vers la responsable. Mais pour la cadre des services sociaux, le travail a été fait comme il se devait. "On considère que ça a été traité", répète la cadre, "c'est la pratique en Sarthe", il n'y a pas évaluation sociale "quand il y a une enquête en cours", explique le témoin, sauf si il y a demande d'évaluation sociale émanant du parquet.

Eric Sabatier et Virginie Darras, en procédure de divorce, sont accusés d'actes de tortures et de barbarie sur mineure de moins de 15 ans ayant entraîné la mort. Ils encourent la réclusion à perpétuité.