Manif pour tous : les raisons d'une incarcération

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Les opposants au mariage pour tous dénoncent la peine de prison ferme dont a écopé Nicolas, un jeune manifestant.

Une peine pour l'exemple ? C'est du moins ce que pensent certains opposants au mariage pour tous, après la condamnation à deux mois de prison ferme et 1.000 euros d'amende d'un jeune manifestant de 23 ans. Ce dernier, qui comparaissait devant le tribunal correctionnel de Paris pour rébellion, a été écroué mercredi soir. Il s'agit en effet de la première condamnation assortie d'un mandat dépôt prononcée à l'encontre d'un opposant au mariage homosexuel. Europe1.fr décortique les raisons de sa peine.

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"Ils ont voulu faire un exemple". Cette décision de justice a mis en rogne les anti-mariage gay. "Ils ont voulu faire un exemple, il était dans le collimateur. Ils veulent que le mouvement s'arrête", s'est emporté mercredi soir Me Frédéric Pichon, avocat impliqué dans la défense des opposants au mariage homosexuel, qui a affirmé que le jeune homme a fait appel. Même son de cloche du côté de Benoît Gruau, l'avocat du condamné contacté jeudi par FTVi. "La juge voulait faire un exemple. Je souhaite une excellente carrière à cette présidente du tribunal. Après cette affaire, elle risque d'être très bien notée par sa hiérarchie", ironise-t-il.

Les internautes opposés au mariage pour tous - qui sont particulièrement actifs sur les réseaux sociaux - n'ont pas manqué de commenter cette condamnation. Sur Twitter, certains dressent un parallèle entre la condamnation de l'agresseur du RER D et celle du jeune opposant au mariage gay. "Sursis pour l’attaque du RER D de mars 2013 et Mariage pour tous : un opposant condamné à deux mois de prison ferme et écroué", commente une militante UMP. De son côté, le collectif de "la manif pour tous" s'est fendu d'un communiqué dans lequel il dénonce la dureté de la peine. Un groupe Facebook a même été créé en soutien au jeune homme qu'ils qualifient de "prisonnier politique". Déjà près de 6.000 personnes se sont abonnées à la page en question.

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Un jeune homme déjà condamné. Si la peine à de la prison ferme peut surprendre, elle est pourtant justifiée en raison des antécédents de l'étudiant. La peine fait référence à des actes de rébellion datant du 16 juin dernier, mais elle s'appuie également sur une condamnation rendue en comparution immédiate en mai dernier. Les faits débutent précisément le 28 mai 2012. L'étudiant est condamné pour non dispersion malgré sommation, entrave à la circulation et fourniture d'identité imaginaire lors de la manifestation contre le mariage gay du 26 mai. A l'époque le jeune homme avait écopé de prison avec sursis et de 200 euros d'amende. Le parquet avait interjeté appel de cette décision.

1.000 euros pour refus de prélèvement ADN. Le 16 juin, le jeune homme est une nouvelle fois interpellé pour des faits de rébellion et de fourniture d'identité imaginaire. Le jeune homme était présent dimanche avec quelque 1.500 opposants au mariage homosexuel devant les locaux de la chaîne de télévision M6, à Neuilly-sur-Seine, dans les Hauts-de-Seine, où François Hollande participait à l'émission Capital. Il a ensuite manifesté avec d'autres opposants au mariage homosexuel dans le XVIe arrondissement, où il a été interpellé alors qu'il se réfugiait dans une  pizzeria. Là, le jeune homme a refusé de se livrer à un prélèvement de ses empreintes ou à un prélèvement ADN.

L'étudiant a donc été condamné à 1.000 euros d'amende pour refus de prélèvement ADN. La peine de prison ferme est liée à son acte de récidive concernant la fourniture d'identité imaginaire. Elle est également motivée par la précédente condamnation du jeune homme.