Lille : il dénonce le "double langage au lycée Averroès"

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INTERVIEW E1 - Alors que le lycée privé musulman sous contrat dit vouloir porter plainte contre lui pour diffamation, Soufiane Zitouni, professeur de philosophie démissionnaire, maintient ses accusations.

"J'ai pris conscience qu'il y avait un double langage au lycée Averroès". Lundi matin, sur Europe1, Soufiane Zitouni a expliqué pourquoi il a choisi de démissionner du lycée privé musulman sous contrat de Lille. Après avoir publié une tribune de soutien à Charlie Hebdo dans Libération après les attentats, le professeur de philosophie dit avoir perçu "des tensions" au sein de la direction et du corps enseignant.

Un climat qui, dit-il, lui a fait réalisé qu'il y avait au sein de l'établissement "un mélange malsain d'islam et de politique". Après une seconde tribune dans Libération pour expliquer pourquoi il préférait démissionner, l'établissement a annoncé son intention de porter plainte contre lui pour diffamation. Sur Europe1, lundi matin, l'enseignant a néanmoins maintenu ses griefs contre l'établissement.

"Un discours devant les caméras…" Invité à donner des exemples précis du double langage qu'il dénonce au sein du lycée privé musulman - le seul sous contrat en France - reconnu par l’Education nationale comme "méritant", le professeur de philosophie démissionnaire a pointé la direction de l'établissement. "Quand monsieur Amar Lasfar - qui a fondé et qui préside le lycée - dit qu'il est 'républicain et laïc' devant les cameras et que, hors caméras, il dit : 'un jour, il y aura plein de filles voilées dans les écoles françaises', je trouve que c'est du double langage", a-t-il dénoncé.

Zitouni : "il y a du double langage au lycée...par Europe1fr

"Un problème du côté de l'enseignement de l'éthique islamique". Les relations entre la direction de l'établissement et le professeur de philosophie se sont dégradées à la suite d'une tribune de Soufiane Zitouni publiée dans Libération et intitulée "Aujourd'hui le prophète est aussi Charlie". Il y écrivait notamment : "le prophète de l’islam, Mohamed, pleure avec nous toutes les victimes innocentes de la barbarie et de l’ignorance, et demande à Allah le pardon pour les nombreuses brebis égarées se réclamant de sa religion alors qu’elles n’ont toujours pas compris l’essentiel de son message". Une prise de position qui n'a pas été du goût de tout le monde dans l'établissement, selon lui. "D'un seul coup, il y a eu une énorme tension en salle des profs autour de ce texte et après, c'est allé crescendo", a-t-il dit au micro d'Europe1. 

Le professeur de philosophie a donc décidé de démissionner comme il l'a expliqué dans une seconde tribune publiée vendredi et titrée "Pourquoi j'ai démissionné du lycée Averroès". Sur Europe1, lundi, il est revenu sur ce qui l'a poussé à cette décision. Alors qu'il faisait face aux "propos régulièrement antisémites" de la part de ses élèves, il dit avoir commencé à comprendre qu'il y avait un problème "du côté de l'enseignement de l'éthique islamique".

Zitouni : "Je n'avais jamais entendu autant de...par Europe1fr
Lycée Averroès Lille 1280

© FRANCOIS LO PRESTI / AFP

"Un mélange d'islam et de politique". "Ce que je veux dénoncer c'est un mélange malsain d'islam et de politique", a dit Soufiane Zitouni en évoquant ce prof, "toujours le même qui, en salle des profs, se dit proche du Hamas" ou cet imam "qui débarque à un prêche du vendredi avec un drapeau aux couleurs de la Palestine".

"Clairement, le Qatar finance cet établissement", a aussi pointé Soufiane Zitouni qui dit avoir vu "des mécènes du Qatar" lors de remise de diplômes.

Tout en insistant sur le fait que "tous les adultes et les élèves du lycée ne sont pas antisémites ou sectaires", le prof de philo souligne que le directeur de l'établissement est président de l'Union des Organisations Islamiques de France. Pourtant, il assure ne pas souhaiter pas la fermeture du lycée ou la fin du contrat de l'établissement avec l’État.

"Si vous ne réintégrez pas le lycée Averroès..." Quid de son avenir ? Soufiane Zitouni veut continuer à enseigner et il a demandé au recteur un nouveau poste. La seule réponse qu'il a reçue selon lui : "si vous ne réintégrez pas le lycée Averroès, on vous radie de l’Éducation nationale".