Lens : les légistes indemnes de toute poursuite

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avec AFP , modifié à
Accusés de ne pas avoir respecté des cadavres autopsiés, la justice a estimé les faits proscrits.

L’incompréhension règne au tribunal correctionnel de Béthune, après que ce dernier a annulé le procès de deux médecins légistes de Lens, accusés d’avoir porté atteinte à l'intégrité de cadavres qu’ils avaient examinés.

Estimant qu’il y avait prescription, le tribunal a tout simplement déclaré la nullité du procès. Du côté des familles des victimes, l’indignation domine : à leurs yeux, si l'institut médico-légal de Lens a été fermé en 2008, sur décision administrative, c’est bien que les deux accusés étaient fautifs.

Accusés "d’atteinte à l'intégrité d'un cadavre"

Les parties civiles, au nombre de 17, attendaient beaucoup de ce début de procès, après avoir vu leur première plainte, déposée en avril 2008, classée sans suite par le parquet. L'avocat des plaignants, Me Philippe Missamou, avait alors eu recours à la citation directe pour poursuivre les deux médecins.

Ces derniers étaientaccusés d’atteinte à l'intégrité d'un cadavre et de violation de sépulture, ainsi que de violences ayant entraîné des mutilations, des chefs passibles de 10 ans d'emprisonnement. En clair, il leur était reproché de ne pas avoir respecté les cadavres qui leur étaient confiés, en les restituant sans prendre le soin de les recoudre ou de les rendre présentables.

Pas de procès pour cause de prescription

Les avocats de deux accusés ont de leur côté décidé de se lancer dans une bataille de chiffres et de dates pour montrer que les faits sont prescrits. Au terme de plus de quatre heures de débat, le tribunal correctionnel de Béthune a accepté, contre toute attente, la requête en nullité : toutes les prescriptions ont été reconnues. Il n’y aura donc pas de procès, comme l’espéraient les familles des victimes.

"C'est la justice des notables"

"En plus de 25 ans au barreau, je n'ai jamais vu ça", s'est indigné Me Philippe Missamou, l’avocat des plaignants. "La présidente a bâclé sa délibération pour n'avoir mis que deux heures afin d'étudier autant de points de nullité. (…) C'est la justice des notables, les médecins contre les petites gens".

Hervé Louvrié, dont le femme faisait partie des victimes présumées, s'est dit de son côté "effondré", estimant ne pas pouvoir continuer le combat judiciaire, faute d'argent.