Légionellose : 18 morts, une amende

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Frédéric Frangeul avec AFP , modifié à
Le tribunal a condamné jeudi deux filiales d’Exxon et GE. Les familles des victimes sont amères.

L’INFO - C'est un jugement au goût amer pour les familles des victimes de l’épidémie mortelle de légionellose en France entre novembre 2003 et janvier 2004. Le tribunal a condamné jeudi deux filiales d'Exxon et General Electric à des amendes de 375.000 euros chacune, ainsi que le directeur de Noroxo, filiale d'Exxon Mobil, à 35.000 euros d'amende et un an de prison avec sursis.

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Des peines maximales... Le tribunal a reconnu que Noroxo, exploitant de l'usine d'Harnes, dans le Pas-de-Calais, et son sous-traitant GE Water étaient "responsables pénalement" de l'épidémie de légionellose qui avait fait au total 83 victimes dont 18 morts. Les peines infligées sont les peines maximales pour ce type de délit.

...qui ne satisfont pas les familles. Mais, à la sortie de l'audience, plusieurs proches de victimes confiaient qu'ils auraient voulu "qu'on reconnaisse quand même la gravité de la chose et là ça n'en a pas l'air", a expliqué la veuve d'une victime, Martine Delaby.L'avocate des parties civiles a pour sa part jugée "généreuse" l'attitude du tribunal envers l'ancien directeur de Noroxo, Johnny Malec, "compte tenu de l'importance des conséquences qu'avait eu ce geste terrible de ne pas fermer l'usine".

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Un arrêté non respecté. Les deux sociétés étaient poursuivies pour homicides et blessures involontaires, mais les faits ont été requalifiés en "complicité" pour GE Water. Le tribunal a estimé Noroxo coupable de ne pas avoir respecté un arrêté préfectoral qui lui imposait la fermeture en raison d'une concentration en légionelles largement supérieure au seuil autorisé.

L'épidémie s'était propagée en deux vagues dans l'ancien bassin minier lensois autour de l'usine pétrochimique Noroxo à Harnes, seule source de contamination identifiée et démantelée depuis par son propriétaire, le groupe américain ExxonMobil.

De faibles indemnités pour les victimes. Les familles des 14 victimes reconnues lors de l'épidémie ont obtenu chacune 300 euros d'indemnités. Ce montant a suscité une vive émotion chez certains. "C'est un manque de respect. C'est pas le montant de la somme, mais c'est la représentation de ce que c'est de tuer quelqu'un", a regretté Martine Delaby. La majorité des quelque 80 parties civiles a toutefois déjà été indemnisée par la Commission d'indemnisation des victimes d'infractions (CIVI).

Les prévenus mécontents aussi. GE Water France, chargée du traitement de l'eau sur le site, a annoncé son intention de faire appel du jugement, "fondé sur une mauvaise interprétation des textes applicables en la matière (et) en inadéquation avec les faits", selon un communiqué. Les avocats de Noroxo ne se sont pas exprimés à la sortie de l'audience.