Le thérapeute manipulateur crie à la "conspiration"

Les parties civiles ont décrit l'emprise quasi-sectaire qu'avait le psychothérapeute sur eux.
Les parties civiles ont décrit l'emprise quasi-sectaire qu'avait le psychothérapeute sur eux. © MAXPPP
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avec AFP
18 mois de prison avec sursis ont été requis contre ce psy poursuivi pour "abus de faiblesse".

Benoît Yang Ting, 76 ans, n'a pas assisté à son procès pour "abus de faiblesse" sur deux anciens patients. Jeudi, c'est la présidente du tribunal qui a lu la procédure, révélant la ligne de défense du psychothérapeute : celle d'une conspiration contre lui. Benoît Yang Ting, absent pour raisons de santé, affirme que ses victimes présumées ont été "manipulées". Le procureur a requis 18 mois avec sursis contre lui, assortis de 100.000 euros d'amende, arguant qu'on était bien là "dans une manipulation mentale".

"Il n'y a rien de thérapeutique dans ce que fait Benoît Yang Ting", a estimé le procureur, brocardant les pratiques "anti-déontologiques" de ce "charlatan", jugées "condamnables".

"Je suis arrivé au sommet"

"Ma vérité, c'est viser le bien de l'autre, donner sans attendre en retour", affirmait l'accusé en 2008, pendant l'enquête sur les faits qui lui sont reprochés. En tout, il aurait soutiré plus d'un million d'euros à des patients qu'il aurait mis sous sa coupe. Ses méthodes thérapeutiques sont mises en cause, et notamment le fait que ses patients devaient se déshabiller et revivre des souffrances soi-disant enfouies.

"Ce sont mes patients qui choisissent cette méthode, c'est à eux de voir s'ils veulent y adhérer", s'est défendu le thérapeute face au juge d'instruction, affirmant ne rien imposer. Se targuant d'avoir réussi à guérir des alcooliques ou des toxicomanes, Benoît Yang Ting affirme même : "je suis arrivé au sommet, du moins je le pense".

Benoît Yang Ting affirme aussi que l'argent peut être vu comme "la mesure d'un élément affectif" et représente "un outil depuis Freud". Ses prestations étaient tout de même facturées 320 euros de l'heure. Et chaque faute d'orthographe dans un compte-rendu valait au patient qui l'avait rédigé une pénalité de 50 euros.

Sa femme monte au créneau

Jeudi, cet homme décrit par d'anciens patients comme un "gourou" maintenant une emprise quasi-sectaire sur eux a été défendu avec vigueur par son épouse, Suzanne Yan Ting, présente dans la salle d'audience et elle aussi poursuivie.

"C'est un ensemble qui a été monté de toutes pièces", dénonce-t-elle. "Je ne comprends pas ce que je fais ici aujourd'hui", lance-t-elle, assurant avoir vu Sophie, l'une des plaignantes, "fleurir et s'épanouir". "C'est un dossier atrocement calomnieux qui a aggravé considérablement la santé de mon mari", dénonce-t-elle, jugeant l'affaire "absolument ignoble".