Le financement des mosquées "doit se faire en France"

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Chloé Pilorget-Rezzouk , modifié à
INTERVIEW - Tariq Ramadan, intellectuel et universitaire spécialiste de l'islam, était l'invité de Patrick Roger et Sonia Mabrouk, dans Europe 1 Dimanche soir. 

Le professeur d’études islamiques contemporaines à l’Université d’Oxford, Tariq Ramadan, était l'invité, dimanche, de Patrick Roger et Sonia Mabrouk. L'occasion, l'auteur du livre Introduction à l’éthique islamique, aux éditions Presses du Châtelet, de revenir sur la situation des Chrétiens d'Orient et sur la question d'un islam de France. 

"Nous, occidentaux musulmans, nous avons un devoir moral".Tariq Ramadan est d'abord revenu sur la situation tragique que subissent actuellement les Chrétiens d'Orient et d'Afrique : "Il faut condamner tout ce qui est de l'ordre de la discrimination et de la terreur, comme cela se passe aujourd'hui dans les sociétés majoritairement musulmanes", a-t-il déclaré. "Nous qui sommes des occidentaux musulmans, nous avons un devoir moral. C'est celui de la dénonciation de ce que font des Etats. De ces traitements à géométrie variable, en plus de ce qui est la terreur, de ce qu'on vient de voir au Kenya", a déclaré Tariq Ramadan, faisant allusion ensuite à l'Arabie Saoudite et son interdiction de construire des églises : "On ne peut pas inviter des gens à venir travailler dans un pays et leur interdire de prier, leur interdire d'avoir leur liberté de conscience".

Des "consciences populaires" pour lutter contre les discriminations. L'invité d'Europe 1 Dimanche soir, avec le cardinal Philippe Barbarin, a par ailleurs estimé qu'avoir une autorité centrale religieuse, "ne changerait rien", tout en reconnaissant "une crise de l'autorité". Mais "ce qui est le plus important, c'est que dans nos luttes contre les discriminations, il y ait des vraies consciences populaires", a précisé l'universitaire. 

Un "islam français" financé par la France. Tariq Ramadan a également réagi à l'annonce de Dalil Boubakeur, qui souhaite doubler le nombre de mosquées en France. "Il faut autant de mosquées que de besoin. On sait aujourd'hui que si l'on veut éviter les prières dans la rue, il faut ouvrir des espaces", a souligné Tariq Ramadan. Pour qu'un "islam français" pour les musulmans français soit possible, l'intellectuel a insisté sur la question du financement : "Il y a une chose très importante [...] : le financement, comme l'autorité religieuse, comme la formation des imams, tout ceci doit se faire en France", a insisté le spécialiste d'études islamiques, dénonçant notamment l’acceptation de fonds en provenance "d'Etats non démocratiques, ayant un islam littéraliste et arriéré". 

Une pluralité de voix pour représenter les musulmans de France. Enfin, Tariq Ramadan, de retour du rassemblement annuel de l'Union des organisations islamiques de France (UOIF) au Bourget, dimanche après-midi, a abordé la question de la représentativité des musulmans français : "Il ne peut y avoir de représentation de l’islam de France que dans un processus qui vient du bas", a-t-il affirmé. Avant d'avertir : "Le gouvernement français ne doit pas [...] choisir quelqu'un dont le discours lui plaît mais qui ne représente personne", insistant sur "la pluralité des voix" des musulmans de France. 

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