Le cannibale de Rouen devant la justice

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avec Fabienne Le Moal , modifié à
En 2007, Nicolas Cocaign avait tué son co-détenu en prison et mangé un morceau de ses poumons.

Le visage marqué par des tatouages, Nicolas Cocaign a pris place lundi matin dans le box des accusés devant les assises de Seine-Maritime. Ce quadragénaire est accusé d'avoir tué, puis mangé, l'un de ses co-détenus.

"Une pulsion d'agressivité"

Cellule 26 de la prison de Rouen, le 2 janvier 2007. Quand les surveillants ouvrent la porte au petit matin, Nicolas Cocaign leur avoue sans détour qu’il a tué Thierry Baudry, son co-détenu. Il précise qu’il a découpé au passage ce qu'il pense être son cœur, et qui est en fait un poumon, pour le cuisiner puis le manger. Le "cannibale de Rouen" aurait voulu lui "prendre son âme". Il dit avoir succombé à "une pulsion d'agressivité".

Hospitalisé d’office plusieurs fois, Nicolas Cocaign avait lui-même demandé dans une lettre à être placé à l’isolement peu avant le drame. Pour l’avocat de la famille de la victime, Me Etienne Noël, on l’a fait "entrer dans la tanière du loup". La cohabitation entre les deux hommes a duré six jours.

Jugé pénalement responsable

Nicolas Cocaign est-il aujourd’hui apte à être jugé ? Dans un premier temps, des experts l’avaient déclaré pénalement irresponsable. Puis un deuxième collège de psychiatres a tranché dans l’autre sens. "Je reste persuadé que sa place, c’est pas devant une cour d’assises, c’est pas en détention. Sa place, c’est d’être soigné correctement", assure de son côté Me Picchiottino, l’avocat de l’accusé. "On l’a laissé, jusqu’au jour où la cocotte minute a explosé", déplore-t-il, au micro d’Europe 1. Il risque la réclusion criminelle à perpétuité.

Ce procès se tient sans le seul témoin direct du drame. Un troisième détenu était en effet présent dans la cellule. Il n’avait alors pas osé intervenir. Il s’est suicidé en prison l’année dernière.