L’INFO. L’affaire du crime cannibale présumé avait semé l’effroi à Nouilhan, dans les Hautes-Pyrénées, le 15 novembre dernier. Interpellé après les faits, un ancien militaire avait affirmé aux enquêteurs avoir tué sa victime avant de lui manger le coeur et la langue. Lundi, le parquet de Tarbes a confirmé la présence de chair humaine dans l’assiette retrouvée sur les lieux du crime. Depuis les faits, toutes les investigations ont donc confirmé les déclarations du suspect. Mais le mystère reste entier sur ce qui a fait basculer le caporal sans reproche dans le cannibalisme.
Le suspect interné en psychiatrie. Pour élucider les zones d’ombre, le meurtrier présumé lui-même n'est pas d'un grand secours. Et pour cause : les enquêteurs n'ont pas pu l'entendre depuis le 15 novembre. Interné en psychiatrie dans une unité spécialisée à Cadillac, en Gironde, Jérémy Rimbaud est "dans un état psychiatrique tel qu'il nécessite des soins", a souligné lundi le procureur de Tarbes, Chantal Firmigier-Michel. Selon elle, le suspect présente "incontestablement une grande dangerosité".
Un crime sordide. Les explications dont les gendarmes disposent consistent essentiellement dans les déclarations faites par Jérémy Rimbaud immédiatement après les faits. Le jeune homme, âgé de 26 ans, leur avait alors posément rapporté s'être introduit chez un nonagénaire, à Nouilhan, avant de lui fracasser le crâne avec un outil métallique. Il avait ensuite improvisé un bûcher pour le brûler, prélevé son coeur et sa langue avec un opinel et les avait mangés, selon ses dires. Pour expliquer son geste, il avait indiqué avoir obéi "à un message d'origine supérieure".*
De la chair humaine dans une assiette. Après l'autopsie qui a confirmé l'extraction d'une partie du coeur et de la langue de la victime, une nouvelle analyse a corroboré que le morceau de viande retrouvé, dans une assiette de haricots, près de la dépouille était bien de la chair humaine, a expliqué lundi Chantal Firmigier-Michel. Reste à vérifier que Jérémy Rimbaud a bien consommé cette chair. Une trace qui ressemble à une morsure sur la viande pourrait achever d'accréditer sa version. Des analyses sont en cours pour le déterminer.
Un ancien soldat sans histoires. Si le déroulement des faits semble désormais se préciser aux yeux des enquêteurs, ils n'ont en revanche toujours aucune explication quant à l’acte du meurtrier présumé. Jérémy Rimbaud a quitté fin octobre le Régiment d'infanterie chars de marine (RICM) de Poitiers après y avoir servi pendant cinq ans, notamment en Afghanistan. Il n'avait posé "aucun problème", a fait savoir son ancien commandement. En octobre dernier, il a refusé une prolongation de contrat et une offre de reconversion. Il a ensuite erré plusieurs jours, sans manger et peut-être sans dormir, entre Pau et Tarbes où il est né. C'est a priori le hasard qui l'a conduit à Nouilhan.
L'enquête, pour l'instant, n'a décelé aucun élément déclencheur. "Rien en l'état ne permet de faire le lien entre son passage à l'armée et l'acte. Rien n'est exclu, mais rien n'est établi. Il va falloir travailler sur sa personnalité dès que cela sera possible", a détaillé Chantal Firmigier-Michel.
La santé mentale du suspect en question. Pour l'heure, Jérémy Rimbaud est entre les mains des médecins. A l’issue de l’enquête, il appartiendrait au juge d'instruction de déterminer la responsabilité pénale de l'ancien soldat au moment des faits, mais aussi d'envisager la faisabilité de sa mise en examen. "Pour qu'il soit mis en examen, il faut que son état permette qu'il le soit et il faut qu'il comprenne qu'on le met en examen", a souligné le procureur. Avant d’ajouter : "ça peut prendre du temps".
L'INFO - Il tue un homme et lui mange le cœur
PROFIL - Le "SDF cannibale" est un ancien caporal