Le Baclofène, un produit miracle ?

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B.P. avec Eve Roger , modifié à
LA POLEMIQUE DU JOUR - Ce médicament permet de lutter contre l'alcoolisme.

Boire un verre de temps en temps, c'était inimaginable pour un alcoolique. Aujourd'hui, avec le Baclofène, c'est possible. Ce médicament, apparu dans les années 1970, est à l'origine conçu pour traiter certaines maladies neurologiques.

Mais comme le Mediator, le Baclofène a été détourné de son utilisation originelle. La molécule est également utilisée our combattre efficacement l'alcoolisme. "Avec ce médicament, on oublie l’envie de boire, il n’y a aucun effort à faire", assure Olivier Ameisen, professeur de cardiologie de l’université de l’Etat de New York, et ancien alcoolique auteur du livre Le dernier verre (éditions Denoël).

Surtout, il permet aux anciens alcooliques de continuer à boire un verre de temps en temps. Un produit miracle, en quelque sorte. "On peut enfin vivre normalement, penser à autre chose. Lors des fêtes, on peut boire un verre ou deux et il ne se passe rien. On sait très bien que c'est le premier verre qui fait rechuter, or avec le Baclofène, il n'y a plus ce problème là", commente Cyril, 57 ans dont 40 d'alcoolisme.

Lutter contre la dépendance

Ce médicament agit sur le cerveau pour bloquer la dopamine, une substance qui entraîne la dépendance. Efficace sur 60% des patients, le Baclofène n'est pas aussi dangereux que le Mediator. On connaît depuis longtemps ses effets secondaires : nausées, somnolence, maux de tête.

Malgré tout, le Baclofène n'est toujours pas autorisé par les autorités sanitaires à être commercialisé comme un médicament anti-alcoolisme. Au début du traitement, il faut le prescrire à très fortes doses, puisque 20 à 30 cachets quotidiens sont nécessaires. Et il nécessite un traitement à vie.

L'Afssaps reste prudente

Mais surtout, aucune étude clinique n'a été effectuée pour valider son utilisation contre l'alcoolisme. Devenu générique, le médicament n'appartient plus à aucun laboratoire. Du coup, aucun n'a intérêt à lancer une étude sur le médicament, car elle serait reprise par ses concurrents.

Prudente après le scandale sanitaire provoqué par le Médiator, l'agence française de sécurité sanitaire (Afssaps) note que "les effets secondaires de cette molécule aux doses où elle est pris contre l'addiction à l'alcool ne sont pas connus".

Des arguments qui n'effraient pas les consommateurs de Baclofène. "Les années que je passe, que j'ai passé grâce à ce médicament sont inestimables", conclut Cyril.