La victime oubliée du sniper de Varces

Une surveillante de la prison avait perdu son bébé à cause du stress de la fusillade à la prison de Varces en 2008.
Une surveillante de la prison avait perdu son bébé à cause du stress de la fusillade à la prison de Varces en 2008. © MAXPPP
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avec Jean-Luc Boujon, à Lyon , modifié à
Une surveillante de la prison avait perdu son bébé à cause du stress de la fusillade, en 2008.

Septembre 2008. Un sniper isolé, embusqué sur une colline sur les hauteurs de Varces, dans l'Isère, tire à plusieurs reprises sur un détenu en promenade dans la cour de la prison. Une exécution qui était un énième épisode de la guerre des gangs qui ensanglantait la ville de Grenoble depuis de longs mois. Le tireur et le commanditaire du meurtre comparaissent à partir de vendredi devant les assises du Rhône. Lydia Desfossés sera dans la salle d'audience. Enceinte de 6 mois à l'époque, la surveillante de prison avait fait une fausse couche. Qui n'a pas été prise en compte par la justice.

Les cinq coups de feu tirés vers la prison avaient semé la panique dans la cour de la prison. Sghaïr Lamiri, un détenu incarcéré pour des vols à main armée, était visé. Il était mort sur le coup. La panique s'était emparée des prisonniers présents dans la cour de promenade. Plusieurs détenus avaient alors déclenché des incendies.

Une surveillante enceinte bloquée dans la cour

Lydia Desfossés, une jeune surveillante enceinte de 6 mois, avait été affectée à la cour de promenade - un poste considéré comme protégé au sein de la maison d'arrêt. Mais lorsque les balles avaient commencé à fuser autour d'elle, Lydia était persuadée que c'est elle qui était la cible : "j'avais eu un différend quelques temps auparavant avec Sghaïr Lamiri. Il m'avait menacée donc quand la première balle est partie j'ai tout de suite pensé qu'elle m'était destinée", explique-t-elle à Europe 1. "Je me souviens très bien d'avoir mis mes mains pour protéger mon ventre. Et ça montait, je n'étais pas bien, j'avais des crampes au ventre. C'était une peur, un gros stress", poursuit la jeune femme.

Pendant une vingtaine de minutes, Lydia Desfossés est laissée seule au milieu de 70 détenus paniqués qui lui demandent d'ouvrir les portes de sortie. La surveillante ne pourra quitter son poste que deux heures plus tard lorsque le calme sera revenu dans la prison.

La mort du foetus due au stress

Le lendemain, Lydia s'était rendu compte qu'elle avait perdu son bébé. Médecins et gynécologues attribuent la mort du foetus au stress intense de la fusillade. Oubliée par l'administration pénitentiaire, Lydia voudrait elle aussi être reconnue comme victime.