La radiation du gendarme Matelly annulée

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avec AFP , modifié à
Le Conseil d'Etat est revenu sur cette sanction pour avoir critiqué la politique du gouvernement.

Le Conseil d'Etat a annulé mercredi le décret du président de la République de mars 2010 radiant des cadres - mesure rarissime - le commandant de gendarmerie Jean-Hugues Matelly. Il avait été écarté pour "manquement à son obligation de réserve", après avoir critiqué le rapprochement police/ gendarmerie.

Une "sanction manifestement excessive"

En faisant le choix de la mesure la plus lourde, équivalente à un licenciement, alors qu'elle disposait d'un éventail de sanctions larges (...) l'administration a prononcé à l'encontre de cet officier de gendarmerie une sanction manifestement excessive", a jugé la plus haute juridiction administrative.

Dans une décision exceptionnelle, le Conseil d'Etat demande aussi que soit réintégré Jean-Hugues Matelly "à la date de sa radiation des cadres de la gendarmerie".

Après l’annonce de cette décision, le commandant Matelly s’est dit « soulagé » et a salué une "décision importante pour la liberté d'expression des militaires".

Matelly évoquait un déshonneur

A 44 ans, il avait été radié le 12 mars 2010 par "mesure disciplinaire", par décret du président Sarkozy, pour "manquement grave" à son obligation de réserve. Il lui était reproché de s'être exprimé dans les médias en tant que chercheur du Centre national de la recherche scientifique (CNRS), fin 2008. Il avait alors critiqué le rapprochement police/gendarmerie au sein du ministère de l'Intérieur, effectif depuis 2009, qui suscitait des inquiétudes dans les rangs de la gendarmerie.

Jean-Hugues Matelly avait écrit un livre sur son affaire, fin 2010. Il y racontait qu’il jugeait que sa radiation était une mesure "utilisée pour la première fois pour censurer l'expression des idées". Il évoquait aussi un "déshonneur".