La quasi-totalité des tribunaux en grève

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P.R. avec Frédéric Michel et agences , modifié à
Les audiences non urgentes sont repoussées après la manifestation nationale prévue jeudi à Nantes.

Comme une traînée de poudre, le bras de fer inédit entre magistrats et gouvernement gagne de plus en plus de tribunaux. Mercredi, 170 des 195 tribunaux et cours d'appel français, dont Paris, étaient en grève. Les tribunaux renvoient sine die toutes les audiences non urgentes, jusqu'à la manifestation nationale prévue jeudi à Nantes.

Face à l'urgence de la situation, le juge anti-terroriste Marc Trévidic, qui avait pourtant qualifié Nicolas Sarkozy de "multirécidiviste" dans ses critiques de la justice, s'est montré plus modéré mercredi sur Europe 1.

Il a même envisagé une sortie de crise, en fonction de ce que Nicolas Sarkozy pourrait annoncer face aux Français jeudi soir, sur TF1 :

François Fillon avait également mesuré ses propos, mardi lors des questions au gouvernement. Le Premier ministre a admis que l'abandon du suivi de Tony Meilhon, principal suspect dans L'affaire Laëtitia, pourrait être dû à un dysfonctionnement de l'appareil judiciaire. "Dans ce cas, a-t-il déclaré, c'est notre responsabilité, au gouvernement, au garde des Sceaux, au ministre de l'Intérieur, à la justice, que de proposer des corrections pour y remédier". Le ministre de la Justice Michel Mercier avait admis un peu plus tôt l'hypothèse d'une responsabilité collective.

Lundi, François Fillon, loin de calmer le jeu, n’avait fait qu’attiser la flamme. Le Premier ministre a affiché un soutien sans faille à Nicolas Sarkozy, qualifiant la réaction des magistrats d’ "excessive", et les appelant à la responsabilité. C’est le chef de l’Etat qui avait le premier attisé les rapports déjà tendus entre l’Etat et la justice. En réaction à l’affaire Laëtitia, il avait dénoncé des "dysfonctionnements graves", et menacé justice et police de sanctions.

Sarkozy soutenu par son camp

Pour l’instant, l’appui gouvernemental à Nicolas Sarkozy semble sans faille. François Baroin a rajouté son grain de sel à la critique des juges mardi, parlant de "corporatisme". "Il ne faut pas donner l'impression de ne pas accepter le sens des responsabilités, de ne pas accepter qu'il y ait eu des fautes", a-t-il ajouté. Et le secrétaire général de l'UMP Jean-François Copé ne s'est pas démarqué : "le président de la République est dans son rôle lorsqu'il dit qu'il faut des sanctions" envers les magistrats.

Sur Europe 1, Fabienne Nicolas, membre du Syndicat de la magistrature, a dit souhaiter "des autorités publiques responsables", qui tiendraient "un langage de responsabilité par rapport à l’opinion publique et pas un langage de démagogie". "Se poser en défenseur de la veuve et de l’orphelin, c’est électoralement payant", en vue de 2012, estime la magistrate.

L’embrasement du monde judiciaire devrait aller crescendo, au moins jusqu’à jeudi, journée de manifestations, point d’orgue du mouvement. La Cour de Cassation, plus haute juridiction française, devrait d’ailleurs tenir une assemblée générale, a priori jeudi. L'Union syndicale des magistrats (USM) appelle à poursuivre le mouvement jusqu'à lundi.