La misère des salariés de Camaïeu

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Olivier Samain avec Solène Cordier
Beaucoup d’entre eux seraient contraints de recourir au RSA en raison de salaires très bas.

Cent euros de plus par mois. C’est ce que réclament les salariés de l’entreprise de prêt-à-porter Camaïeu, qui ont demandé vendredi à rencontrer "au plus vite" le ministre du Travail, pour lui faire part de leur situation salariale. Malgré des contrats à temps plein, certains sont malgré tout éligibles au Revenu de solidarité active (RSA).

Un débrayage de deux heures est déjà prévu dans les magasins du groupe le 22 juin, en vue d’obtenir cette augmentation.

Des salaires au rabais

Selon l’organisation syndicale Force Ouvrière (FO), les travailleurs pauvres sont en effet légion au sein de l’entreprise de distribution textile, détenue majoritairement par le fonds d'investissement Cinven. Une situation qui pousserait nombre d’entre eux à demander à percevoir le Revenu de solidarité active (RSA).

"Nous sommes plein dans ce cas. Il y a même des agents de maîtrise qui touchent un complément du RSA. Un contrat de 22 heures, c’est 640 euros nets par mois. Un contrat de 30 heures, c’est 900 euros nets par mois et pour 35 heures, c’est 1050 euros nets par mois !", détaille au micro d’Europe 1 Cherif Lebgaa, le délégué syndical FO.

1.180 euros par mois avec 18 ans d’ancienneté

Lui-même confie toucher "1.180 euros nets par mois avec 18 ans d’ancienneté", auxquels s’ajoutent 296 euros de RSA. "Quand j’ai été déposer un dossier à la CAF et que j’ai expliqué à la personne que j’avais devant moi que j’étais en CDI, au début on ne se comprenait pas. Quand je lui ai montré mes fiches de paye, elle a été choquée", raconte cet employé logistique dans les entrepôts roubaisiens de la marque.

Selon le syndicaliste, la direction, interpellée, aurait déjà adressé plusieurs fins de non-recevoir. "L’ancien DRH, comme le nouveau, nous dit : ‘circulez, y a rien à voir. Il y a le complément du RSA ? C’est bien, pourquoi vous voulez une augmentation ?’", témoigne Cherif Lebgaa, très remonté.

La direction dément utiliser le RSA comme variable

Quant à la direction, elle a démenti dans un communiqué utiliser le RSA "comme un argument permettant de refuser une augmentation à nos collaborateurs. Les modalités d'obtention du RSA liées à des conditions familiales particulières sont indépendantes" de sa politique salariale.

Camaïeu assure que ses salariés disposent bien de tickets restaurants et de bonus, ainsi que d'un 13e et 14e mois. Selon la direction, les négociations salariales menées en 2012 ont permis d'aboutir à une augmentation de ses employés de l'ordre de 2%. Elles avaient suivi un mouvement de grève de plusieurs semaines mené en janvier 2011.

Le groupe, créé en 1984, a réalisé en 2010 un chiffre d'affaires de 810 millions d'euros. Il possède plus de 1.000 magasins dans le monde (600 en France) et emploie 5.800 personnes, dont 4.000 en France.