La colère des surveillants de prison

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Plusieurs syndicats d'agents pénitenciers se sont regroupés à Paris pour réclamer plus de moyens.

Le ton monte déjà depuis plusieurs semaines chez les surveillants de prisons. Et quelques jours après l'élection de François Hollande à la tête de la présidence de la République, les agents pénitentiaires comptent bien faire entendre leur voix.

Depuis le 4 avril, ils mènent plusieurs actions pour réclamer une amélioration de leurs conditions de travail dégradées, selon eux, par la surpopulation carcérale. Environ 300 surveillants de prison se sont donc rassemblés jeudi à l'appel de FO-Pénitentiaire près de la maison d'arrêt de la Santé à Paris. Europe1.fr revient sur ce mouvement.

Pourquoi maintenant ? Ce mouvement fait suite à la publication des chiffres sur la population carcérale. Avec 67.161 détenus, la population carcérale a atteint un pic record le 1er avril dernier. Cela représente en effet une hausse de 6,4% sur un an et de 1,4% sur un mois.

Les personnes prévenues, c'est-à-dire en attente de jugement, sont au nombre de 16.463, soit le quart des personnes incarcérées. Le nombre de mineurs détenus a également augmenté de 1,5% par rapport au mois précédent.

A Marseille, par exemple, à la maison d'arrêt des Baumettes, plus de 1.600 détenus s'entassent pour 1.300 places. On dénombre 550 surveillants alors que l'établissement vieillissant en nécessiterait 700.

Les racines de leur colère ? Les surveillants estiment qu'ils ne peuvent plus mener à bien leurs missions du fait de cette surpopulation carcérale. Les syndicats mettent aussi en cause la façon dont sont conçues les nouvelles prisons, en partenariat avec des groupes privés. Ils s'inquiètent enfin d'endosser le transfert à la pénitentiaire de tâches jusque-là dévolues au ministère de l'Intérieur.

Que réclament-ils ? En plus des recrutements, les surveillants réclament un meilleur statut et une augmentation de leur rémunération. Ils demandent également des effectifs supplémentaires. "Nous voulons aussi que nous soit reconnu un vrai statut de troisième force de sécurité publique dans ce pays!", a réclamé devant les militants, Christophe Marquès, au son de cornes de brume et dans une odeur de merguez grillée.

Ce mouvement est-il suivi ? Depuis six semaines de mobilisation, à raison de deux jours par semaine, devant certains établissements, des manifestants dressent des barricades de pneus et des palettes de bois enflammées pour empêcher les extractions de détenus. Sur tout le territoire français, des prisons sont touchées.

Environ 300 surveillants de prison, poursuivant leur mobilisation, jeudi, à l'appel de FO-Pénitentiaire près de la maison d'arrêt de la Santé à Paris. "Continuons à nous mobiliser pour faire entendre au gouvernement qui va se former dans les jours à venir les attentes des personnels pénitentiaires, après des années de mépris et d'abandon", a écrit FO dans un tract. Le maire PS de Fleury-Mérogis, municipalité de l'Essonne dont le tiers des habitants travaillent au centre pénitentiaire, avait appuyé leurs revendications, "légitimes et de bon sens" des surveillants.

Le syndicat majoritaire parmi les surveillants, l'Ufap-Unsa, n'a quant à lui pas pris part au mouvement en cours depuis début avril, eu égard à la période électorale. L'Ufap-Unsa a néanmoins appelé à un blocage de la prison d'Aiton, en Savoie, jeudi matin, au lendemain d'une tentative d'évasion mouvementée.

Comment réagit le ministère de la Justice ? FO a dénoncé le mutisme de l'actuel Garde des Sceaux, Michel Mercier. "Nous préparons une lettre ouverte pour le nouveau ministre, avec toutes nos attentes et le souhait d'être reçus très rapidement", a indiqué Céline Verzeletti, secrétaire générale de FO-Pénitentiaire. Interrogée, la Chancellerie a assuré que ces points seraient bien évoqués par les "groupes de travail" en place depuis fin mars.

Pour faire face à cette surpopulation carcérale, le gouvernement actuel prévoit la construction de 24.000 places de prison supplémentaires pour fin 2017, dans l'optique d'un parc carcéral de 80.000 places. L'Assemblée nationale aura le dernier mot sur ce projet, mais le Sénat l'a vidé de son contenu le 1er février, le remplaçant par un projet pénitentiaire alternatif.