L’école privée accusée de discrimination

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avec AFP
EDUCATION - Selon une étude du CNRS, un père au nom à consonance étrangère a plus de mal à y inscrire son enfant.

L’info. Un patronyme à consonance maghrébine est-il un handicap lorsqu’on souhaite inscrire son enfant dans une école privée ? Le CNRS a décidé de répondre à cette question en réalisant une étude auprès de 4.269 établissements scolaires. Sa conclusion : dans un cas sur cinq, un parent avec un patronyme à consonance maghrébine a plus de mal à inscrire son enfant dans le privé.
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L’étude. La fédération "Travail, Emploi et Politiques publiques" du CNRS a testé 4.269 établissements scolaires privés, à savoir 3.023 écoles élémentaires et 1.246 collèges, entre mars et juin 2011. La méthode est simple : les chercheurs ont inventé deux pères de famille fictifs tentant d’inscrire leur fils dans un établissement privé. D’un côté, Mohamed Benchargui veut scolariser Youssouf, de l’autre c’est Jean Bernard qui souhaite inscrire son fils Pierre.

Le patronyme joue bien un rôle.  Si les demandes d’inscriptions sont identiques, les réponses ne le sont pas. "Dans 18 % des cas, les établissements privés discriminent le père issu de l'immigration, en donnant à sa demande d'informations une suite moins favorable qu'à celle de l'autre père fictif", révèle l'étude.

Discrimination dans le taux de réponse d’abord : si les établissements scolaires ne répondent pas toujours, c’est encore plus le cas pour le profil "Mohamed Benchargui". Ce dernier a 67% de chances de ne pas recevoir de réponse, contre 55% de chances pour "Jean Bernard".

Discrimination dans la nature de la réponse elle-même : dans 28% des cas, "Mohamed Benchargui" reçoit une réponse positive ou plutôt favorable. Ce taux monte à 40% pour "Jean Bernard".

Un bus scolaire,, ramassage scolaire, car scolaire

Le profil des établissements qui discriminent. En se penchant sur les écoles et les collèges n'ayant répondu positivement qu’à "Jean Bernard" et négativement à "Mohamed Benchargui", les chercheurs notent qu’ils "sont plus fréquemment situés dans des communes un peu moins rurales et un peu plus aisées, dans lesquelles la part de la population issue de l’immigration et la proportion de cadres sont plus élevées. Ils se situent dans des départements qui présentent ces mêmes caractéristiques et une proportion un peu plus faible d’élèves scolarisés dans l’enseignement privé". En clair, ce n’est pas dans les zones rurales que la discrimination est la plus forte.

Mais les choses sont moins simples qu’il n’y paraît puisque le taux de discrimination varie aussi en fonction du nombre d’établissements privés dans le département. Plus ils sont nombreux, moins ils font preuve de discrimination : dans ces cas, notent les chercheurs, "la composition socio-économique de ces établissements se rapproche de celle des établissements publics".