L’armée abandonne le logiciel Louvois de paie des soldats

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Aude Leroy et Benjamin Harroch
Lancé en 2011, ce programme n'a cessé de connaître des dysfonctionnements allant du non paiement des soldes à des versements indus.

Ouf de soulagement chez les militaires. Non paiement des soldes, retards, versements indus... Le programme Louvois de paie des soldats n'a cessé de connaître des dysfonctionnements depuis son lancement en 2011. Selon Le Figaro, le ministère de la Défense a donc décidé de l'abandonner. Le ministre Jean-Yves Le Drian l'annoncera officiellement début décembre aux militaires pour qui c'est la fin d'un cauchemar. 

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Un nouveau programme d'ici 3 ans. En septembre dernier, les députés Geneviève Gosselin-Fleury (PS) et Damien Meslot (UMP) avaient conclu, dans un rapport sur la réorganisation du ministère de la Défense, que le système n'était pas stabilisé et produisait toujours des bugs. Ils avaient alors retenu deux hypothèses de sortie de crise : "continuer avec Louvois" en concentrant tous les moyens pour redresser la situation à partir de ce système, ou étudier le recours à un autre programme "dont le déploiement nécessiterait probablement un délai de trois ans". C'est donc cette deuxième hypothèse qui a été choisie par le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian.

Ravie, mais... La porte-parole de l’association Militaires et Citoyens, Angélique Le Garrec, jointe par Europe1, a réagi à cette annonce. "Je suis ravie, dit-elle, mais cela fait des mois qu'on leur dit qu'il faut abandonner ce logiciel. Il a entraîné des situations très compliquées, comme des reventes de maisons. Il y a même une femme qui a revendu son alliance. Et des gens qui ne pouvaient plus du tout nourrir leur famille." Mais Angélique Le Garrec le sait : les militaires et leur famille ont encore au moins deux ans de galère devant eux. Le temps que le nouveau dispositif soit sélectionné, acheté, testé et lancé.

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Une note salée. En attendant la facture de ce calculateur fou va continuer à augmenter. Aux 6 millions d'euros de son achat, il faut rajouter, selon la Cour des comptes, 465 millions d'euros de dérapages de la masse salariale, rien que pour 2012. Sans oublier le coût régulier des dysfonctionnements et les embauches d'urgences pour gérer les dommages collatéraux de Louvois. Au total près de 1.000 personnes supplémentaires ont été engagées.  

Retour à la case départ. L’abandon de Louvois ne concerne pas que le ministère de la Défense. En effet, ce dispositif devait servir d'ossature et de modèle aux services informatiques de paie de tous les autres ministères. On repart donc à zéro. Un appel d’offre doit être lancé dans les semaines qui viennent.