L’armée a caché 18 mois un accident

Un accident d'un convoi nucléaire militaire n'a été révélé que vendredi. Un procès, à huis clos, se tiendra en janvier.
Un accident d'un convoi nucléaire militaire n'a été révélé que vendredi. Un procès, à huis clos, se tiendra en janvier. © REUTERS
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avec AFP , modifié à
L'accident d'un camion de transport nucléaire, survenu en juin 2010, était tenu secret.

Un accident trop gênant ? Le quotidien La Marseillaise a révélé vendredi qu’un camion de transport nucléaire a eu un accident sur la base aérienne d'Istres, dans les Bouches-du-Rhône. Il avait été tenu secret jusqu'ici.

Un procès en janvier

Le chauffeur du poids-lourd sera jugé le 16 janvier devant la chambre militaire du tribunal de grande instance de Marseille. Il est poursuivi pour blessures involontaires, mise hors service d'un matériel à l'usage des forces armées et violation de consignes. L'armée a demandé le procès à huis clos.

Le 9 juin 2010, le camion qui, selon les autorités, ne contenait pas d'ogives car il arrivait de la base d'Avord, dans le Cher, pour remplacer un blindé tombé en panne. Le poids-lourd s'est renversé dans un virage alors qu'il roulait trop vite, en tentant d'éviter un soldat qui faisait son footing à l'intérieur de la base d'Istres, raconte le journal.

Les trois militaires à bord, deux chauffeurs et leur supérieur, ont été blessés avec deux fractures aux cervicales. L'un d’eux a passé six mois alité. Les pertes matérielles ont été estimées à 50 millions d'euros par l'armée, le véhicule spécial renforcé de marque suédoise, pesant 33 tonnes et d'une puissance de 585 CV, étant mis hors d'usage.

L'enquête aurait mis en lumière des excès de vitesse à répétition sur le trajet du camion - jusqu'à 105 km/h alors que le moteur est théoriquement bridé à 80 km/h sauf urgence - et des ennuis mécaniques récents sur le véhicule, dont une fuite sur une durite de frein lors d'un trajet vers le site de construction de têtes nucléaires de Valduc. Les investigations ont également mis au jour que le chauffeur n'avait pas la qualification requise pour conduire le camion et que l'armée lui a décerné le brevet nécessaire "par équivalence" deux semaines après l'accident, avec effet rétroactif au 1er mars 2010.

"Des choses inacceptables"

Par ailleurs, l'armée n'aurait donné une existence officielle à "l'escadron de transport de matériels spécialisés", impliqué dans cet accident, que le 7 avril 2011, en l'ajoutant à la liste des unités militaires dont les missions exigent, pour des raisons de sécurité, le respect de l'anonymat des personnels. Le Délégué à la sûreté nucléaire et à la radioprotection pour les activités et installations intéressant la défense, Bernard Dupraz, cité par la Marseillaise, a reconnu que l'affaire décelait "des choses inacceptables".