L'affaire Bygmalion a eu raison de Copé le mal aimé

Un an et demi après son commencement, la présidence de l'UMP de Jean-François Copé a pris fin mardi vers 11h.
Un an et demi après son commencement, la présidence de l'UMP de Jean-François Copé a pris fin mardi vers 11h. © MaxPPP
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BILAN - Malgré ses multiples efforts, le futur-ex président de l'UMP n'a jamais réussi à conforter sa place. 

Née avec une polémique, achevée avec une polémique. Un an et demi après son commencement, la présidence de l'UMP de Jean-François Copé a pris fin mardi vers 11h. Le député-maire de Maux a annoncé qu'il quitterait la tête de son parti dès le 15 juin, lors du bureau politique de l'UMP, qui avait été convoqué en urgence après les aveux de Jérôme Lavrilleux sur l'affaire Bygmalion.

Entre le 15 juin et le prochain Congrès d'octobre, ce sont trois anciens Premiers ministres qui assureront la direction collégiale du mouvement : François Fillon, Alain Juppé et Jean-Pierre Raffarin. Que retenir de la présidence façon Copé ? De l'activisme, quelques succès électoraux et, pour conclure, un scandale qui vient tout balayer.

LE "PSYCHODRAME"

Tout commence le 18 novembre 2012. La Cocoe, la commission électorale interne de l'UMP, annonce la victoire du député-maire de Meaux dans la course à la présidence du parti, avec 50,03% des voix, contre 49,97% pour son seul adversaire : François Fillon. Elle signe ainsi le début du désormais célèbre "psychodrame de l'UMP". Les deux camps dénoncent alors des fraudes. Et la Cocoe reconnaitra elle-même une erreur : avoir  oublié les voix d'Outre-mer. Après une semaine d'atermoiements, la Commission nationale des recours (CONARE) donne tout de même raison à Jean-François Copé, provoquant l'ire du camp Fillon, qui doute de son indépendance.

Le psychodrame à l'UMP, 930

© REUTERS

Les militants tranchent. Après des mois de négociations et pour mettre un terme au "psychodrame", les deux hommes s'accordent pour demander aux militants : doit-il y avoir une nouvelle élection ? Et le 30 juin 2013, à l'issue d'un congrès extraordinaire, les militants votent pour le maintien de Jean-François Copé à la tête du parti jusqu'en 2015.

UNE PRÉSIDENCE ACTIVE…

Sur tous les fronts. Jean-François Copé met des mois à se débarrasser de l'étiquette de "président contesté de l'UMP". Mais il tente tout de même de se distinguer par son activisme. Opposition au mariage pour tous, présentation d'un contre-programme sur la compétitivité, motion de censure contre la politique économique du gouvernement, critique de la "solitude" de la France dans la guerre au Mali… Le président de l'UMP est sur tous les fronts, à coups d'interventions médiatiques ou à la tribune de l'Assemblée. Aucun jour ne se passe sans qu'il ne tacle la politique menée par François Hollande et son gouvernement. Le Monde le qualifiera même de "multirécidiviste de l'appel à la démission", pour sa proportion à vouloir sortir du gouvernement des ministres qu'il juge incompétent.

978x489 LeLab - Jean-François Copé remercie finalement la presse d'avoir révélé l'affaire Bygmalion

Des succès électoraux. Après avoir remporté plusieurs élections partielles, dont la législative de Villeneuve-sur-Lot, l'ancien fief de Jérôme Cahuzac, l'UMP sort grande gagnantes des dernières municipales. Comme il l'avait annoncé, Jean-François Copé a eu sa "vague bleue" le 31 mars dernier, l'UMP faisant basculer environ 150 communes de plus de 9.000 habitants de gauche à droite. "Le premier parti de France, c'est l'UMP", se félicite alors Jean-François Copé, fier de son bilan.

… QUI N'A JAMAIS CALME SES DÉTRACTEURS

La marque Copé ne se démarque pas. Mais malgré cet activisme, la marque Jean-François Copé peine à s'imprimer dans la tête des Français.  En avril, l'institut BVA lui calculait une côte de popularité de 16%, derrière François Hollande. Et en coulisse, les ennemis du député-maire de Maux, le camp de François Fillon en tête, n'ont jamais cessé de s'activer. Avant les municipales, un "putsch" était même tout proche expliquait Caroline Roux le 18 mars. "Un poids lourd du parti raconte le coup de fil qu’il a reçu il y a quelques jours de François Fillon : l’ancien premier ministre lui a tout simplement proposé de participer à un appel de parlementaires pour imposer une direction collégiale à la tête de l’UMP", révélait alors l'éditorialiste d'Europe1.

UMP : un "putsch" contre Copé ?par Europe1fr

L'affaire Bygmalion, ce qu'il manquait au camp Fillon. Toutefois, poursuivait Caroline Roux, une victoire aux municipales était censée conforté le futur-ex président de l'UMP. C'était sans compter sur "l'affaire Bygmalion". Le 27 février dernier, Le Point publie en Une "l’affaire Copé". Le magazine  révèle que des proches de Jean-François Copé ont eu la charge d'organiser, via la société Bygmalion, la totalité des événements de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy. L'hebdomadaire évoquait déjà des factures faramineuses versé par l'UMP à ses "proches" du député-maire de Meaux. Et trois mois plus tard, le 14 mai, Libération assure que l'UMP a réglé près de 20 millions d'euros de prestations à la société, pour des conventions présumées fictives. À l'UMP, le camp Copé se défend de toute irrégularité. Ses ennemis, eux, réclament déjà des précisions, sans trop en faire, élections obligent.

Copé va-t-il rester président de l'UMP ?par Europe1fr

Son "plan de bataille" a échoué. Malgré la claque subie par son camp aux européennes, l'UMP étant arrivée derrière le FN, Jean-François Copé n'a pas lâché prise. Comme l'expliquait lundi Caroline Roux, il a lancé dès ce week-end une "opération je veux sauver ma peau". Tout le weekend, le président de l'UMP a tenté d’arracher un pacte de non agression des barons du parti. Dimanche soir, "au téléphone, il avait l’air assez sûr d’être maintenu dans ses fonctions, avec un plan de bataille calé", explique Caroline Roux.

>> Lire : l'affaire Bygmalion en six actes 

Mais les précisions tant attendues sur l'affaire Bygmalion sont arrivées lundi. Un reversement de situation soudain comme la politique française peut en avoir le secret. L'avocat de la société Bygmalion affirme  lors d’une conférence de presse que des "fausses factures" ont été établies lors de la campagne électorale de Nicolas Sarkozy. Le soir même, Jérôme Lavrilleux, l'ex-organisateur des meetings de campagne de Nicolas Sarkozy en 2012 a reconnu sur BFMTV que certains meetings de campagne du candidat de l'UMP avaient bien été surfacturés à l'agence Bygmalion, dans le but de dissimuler des frais de campagne. Il n'en fallait pas plus aux ennemis de Jean-François Copé pour faire pression et obtenir, dès le lendemain, sa démission.

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